Une circulaire du 25 novembre vient de préciser les modalités de mise en oeuvre de la politiques des pôles de compétitivité. Pour quoi faire ?

Des moyens sûrement, mais comme disait Jacques Chirac, président de la république, dans son livre de campagne, La France pour tous, “les moyens ne sont jamais adéquats quand le but est mal défini”…

Il ne faut point être exagérément critique, mais les annonces se multiplient et semblent aller dans des directions quelque peu contradictoires. Aprés un recentrage de la Datar sur l’expérimentation, le soutien aux territoires de projet, les systèmes productifs locaux, les NTIC et les grands équipements de transports structurants, nous assistons à une évolution quelque peu datée. Certains parlent de pompidolisme, d’autre de colbertisme, en tous les cas, on assiste à une relégitimation de l’interventionnisme d’Etat en matière économique. Le libéralisme peut donc s’accomoder de l’Etat stratège et chef d’orchestre. Le gouvernement semble dégager quelques moyens, mais la visée n’est pas focément très claire.

En effet, là où l’Etat et la Datar en particulier avaient eu quelques réussites dans les années 70, surfant sur les dernières années des Trente Glorieuses, le constat avait été tiré par un ancien délégué, Jean-Louis Guigou, que les investissements à perte s’étaient multipliés dans les années 80. Ce n’était pas forcément le rôle de l’Etat d’être à la manoeuvre. Il devait être acompagnateur, diffuseur de bonnes pratiques, françaises et européennes, “péréquateur”, investissant sur la prospective et l’évaluation.

Foin de ce pessimisme, l’Etat est de retour. Mais les temps ont changé et les acteurs aussi. Il y en a deux majeurs autour de la table et l’Etat ne semble pas particulièrement faire cas de leurs propres stratégies et réflexions, les relèguant au rang de simples financeurs, ou de partenaires dormants : l’Europe et les Régions.

Peut-on aujourd’hui raisonnablement avoir une politique industrielle, une politique de pôle de compétivités, une politique de métropolisation au seul niveau national ? L’Etat peut-il concéder une compétence de développement économique, même si finalement elle n’est que de coordination aux régions, et continuer à agir seul ?

Des territoires, des acteurs s’investissent fortement sur les pôles de compétitivité, sur les futurs contrats métropolitains, nous leur souhaitons que cela ne soit pas à fonds perdus. En effet, les décisions se multipliant, quelque peu contradictoires, et les caisses de l’Etat se vidant, des coups d’arrêts brutaux sont à prévoir, à craindre. Une des dernières forces, légitimité de l’Etat est en principe sa durée, à défaut de durablité, sa constance à défaut de consistance. Mais aujourd’hui, les programmes lancés et arrêtés en rase campagne, deviennent la règle. C’est inquiétant !

Le journal Libération du 6 janvier 2005 le pointe lui aussi : “Après presque deux décennies de discours et de pratiques destinées à légitimer le retrait de l’Etat de la vie économique, Jacques Chirac, inspiré par Beffa, décide donc d’ouvrir une nouvelle voie : on peut être de droite, libéral, partisan de la baisse des impôts et défenseur de l’interventionnisme étatique. Mais cette profession de foi pose un problème de cohérence avec le reste de la politique du gouvernement Raffarin, qui avait fait de la défense des PME et des territoires (autour de la création des pôles de compétitivité) une priorité. Même si Beffa assure ne voir là aucune contradiction mais plutôt une complémentarité avec ses recommandations destinées d’abord à aider les multinationales, cet empilement d’instruments et de mesures fait un peu désordre. Et laisse planer un doute sur l’efficacité globale du système.”

Auteur : Olivier Dulucq

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