Que ce soit au travers d’appels à projet tels que les agendas 21, les Pôles d’Excellence Rural… ou bien au travers de mesures législatives et fiscales encourageant la lutte contre le réchauffement climatique, à l’image du projet de loi du Grenelle de l’environnement récemment présenté par Jean-Louis Borloo, on assiste ces dernières années – et particulièrement ces derniers mois – à une prise en compte croissante du développement durable dans les politiques publiques. Cette évolution est en train de faire des collectivités locales, des intercommunalités, et bien sûr des Pays, des acteurs essentiels du développement durable à l’échelon local.

Dans ce contexte, l’ingénierie territoriale est aujourd’hui fortement interpellée par ces enjeux en termes d’organisation comme d’évolution des compétences. A l’issue d’un débat récemment organisé sur ce thème en collaboration avec la Fédération des Parcs Naturels Régionaux, l’association 4D, le Carrefour des Pays Lorrains et le Réseau « Territoires Environnement Emplois » d’Ile de France, la Plateforme nationale des métiers du développement territorial1 a ainsi relevé plusieurs éléments permettant de caractériser – en partie – la situation actuelle de cette ingénierie au regard des stratégies territoriales de développement durable :

– un accroissement sensible – quoique non chiffré – des recrutements au sein des structures territoriales au bénéfice de profils techniques et de formations initiales relevant majoritairement des sciences de l’environnement,

– une relative précarité des postes qui reposent de plus en plus sur des dispositifs et des appels à projet dont les financements sont à durée limitée,

– une hétérogénéité importante des besoins de formation comme profils de recrutements qui varie en particulier selon le degré de structuration des territoires : surtout des généralistes dans les territoires de projet émergents, des spécialistes dans les structures territoriales plus anciennes (ex : PNR),

– un manque de relations approfondies entre professionnels et organismes proposant des formations initiales dans ce domaine.

Au-delà de ces constats, on remarque aujourd’hui un risque non négligeable de réduire l’ingénierie nécessaire à la territorialisation du développement durable aux seuls techniciens issus des sciences de l’environnement. Les projets de développement durable caractérisés par la transversalité, la prise en compte du long terme, l’approche globale, la participation des habitants… nécessitent pourtant de faire très largement appel à des compétences et méthodologies traditionnellement identifiées comme relevant plutôt du champ du développement local2 . La capacité à produire des connaissances sur le territoire par exemple, ou encore l’animation, ne constituent-elles pas des compétences essentielles dont les structures territoriales devraient disposer pour accompagner des processus de changement en cours ou à venir ?

Au travers de ce propos, il ne s’agit pas de minimiser l’importance des métiers et compétences émergents mais de rappeler l’importance des méthodologies et compétences issues du développement local participatif si l’on souhaite réaliser des projets territoriaux qui prennent en compte toutes les dimensions du développement durable. Enfin, il s’agit aussi de mettre l’accent sur la nécessité de mieux organiser l’ingénierie territoriale au regard des nouveaux enjeux de développement comme des ressources locales qui sont susceptibles d’être mobilisées. Pour ce faire, nous devons prendre du champ et considérer désormais l’ingénierie territoriale comme un véritable système3 au sein duquel les articulations et mutualisations entre structures territoriales peuvent être renforcées et les partenariats public-privé, notamment avec le monde associatif, particulièrement encouragés.

Stéphane LOUKIANOFF, Plateforme nationale des métiers du développement territorial

[1] La Plateforme nationale des métiers du développement territorial travaille depuis 2001 au renforcement de ces métiers et associe dans ce but des institutions, des organismes de recherche et de formation, des structures de développement, et des associations de professionnels. Elle est animée par l’UNADEL.[

2] En 2005, La Plateforme a publié un référentiel des macro-compétences communes aux métiers du développement territorial appelé « Cœur de métiers », celui-ci identifiait 5 macro-compétences : l’ingénierie et la conduite de projet, l’aide à la décision, la stratégie, l’animation, la production de connaissances sur le territoire.

[3] Cette approche a été particulièrement mise en exergue lors des premières assises de l’ingénierie du développement des territoires réalisées en juillet 2007.

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