Plébisicitée selon un sondage de l’ADCF, noire pour deux députés Ump, en questions pour Territoires, il est effectivement temps d’en parler…

Les rencontres de l’ADCF, l’Assemblée Des Communautés de France, sont en passe d’être un moment politique aussi important que celui suscité par le Salon des Maires de l’AMF.

En effet, les rencontres d’Angers, pour cette année les 5 et 6 octobre, provoquent bien des écrits, des contributions, des questions. C’est tout à la fois rassurant et quelque peu inquiétant.

Ce qui est rassurant, c’est notamment que la presse quotidienne nationale, s’intéresse une fois de temps en temps, au phénomène intercommunal. Eric Andrieu, président de l’Unadel, a parlé à ce propos, de “vrai deuxième acte de la décentralisation”. En effet, en une quinzaine d’années, voulue par l’Etat, sans réellement en mesurer les conséquences induites, l’intercommunalité, avec un peu plus de 2500 structures, est là et bien là. Des projets s’y montent, des services s’y développent, elle prend des configurations assez diverses d’un territoire à l’autre, et il demeure une différenciation assez forte entre intercommunalités rurales et urbaines.

Les réflexions du mensuel Territoires, et répétons-le, de l’excellent Territoires, sont à ce moment là, assez pertinentes. Elles dont d’ailleurs écho aux préoccupations de l’ADCF elle-même. Après le quantitatif, le maillage intégral ou presque du territoire nationale, serait-ce la panne ?

Il est aujourd’hui tant d’aborder plus fortement le qualitatif : le sens, le projet, le contrôle démocratique, l’efficience économique. Cela implique un débat, construit, étayé, argumenté. Et si l’on peut évoquer quelques scénarii, comme le fait Territoires, la disparition à termes de la commune, la seule technicisation de l’intercommunalité, ce n’est pas forcément le meilleur moyen de pacifier le débat. Constatons déjà ce qui marche et ce qui ne marche pas, voyons les marges de progrès, posons sérieusement la question de la participation citoyenne, avant d’aborder immédiatement la question de la désignation au sufrage universel. Il y a probablement une piste à creuser, et l’ADELS comme l’Unadel, y sont assez sensibilisés : est-il imaginable que l’on puisse voter sur un projet de territoire, sans immédiatement transformer cela en une compétition stérile d’élection de coqs de basses-cours…

Dans tous les cas, ces débats, militant pour l’ADELS, plus technique pour l’ADCF, sont sains. On ne peut pas forcément en dire autant de l’offensive médiatique des deux députés UMP, Patrick Beaudouin et Phillipe Pemezec, qui sortent aujourd’hui un “livre noir de l’intercommunalité”.

On agite tout de suite les chiffons rouges : les communes vont disparaître, les intercommunalités d’aubaine, les coûts excessifs, la fiscalité galopante. Ils ont probablement raison, partiellement, mais, ils ont un prisme quelque peu déformant. Ces deux élus franciliens généralisent leurs inquiétudes et questionnements, en partant avant tout de l’intercommunalité urbaine, de grandes agglomérations, voire francillenne. Force est de constater que l’Ile de France n’est pas le bon élève de l’intercommunalité.

Mais l’urbano-centrisme, la tentation récurrente de penser que Paris, c’est la France, est bien dangereuse, dans une France décentralisée. Il faut toujours revenir à Montaigne qui écrivait “Vérité en deçà des Pyrénées, fausseté au-delà”. Si ces élus sont sincèrement attachés à l’intercommunalité, les jugements à l’emporte-pièce ne clarifieront pas le débat.

On s’interrogera aussi sur l’approche communicationnelle qui veut que désormais les livre sont noirs, qu’ils traitent du communisme, de la psychanalyse, ou de l’intercommunalité… Et si l’on sortait du manichéisme, le noir et le blanc, voire du racisme, un livre blanc est plein de propositions, quand il est noir, plein de dénonciations.

Auteur : Olivier Dulucq

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