Categories: éditos

La prise de conscience des dérèglements de notre planète s’est accentuée avec la crise sanitaire et jamais la problématique du risque lié à nos modes de vie et à notre modèle économique n’a été autant révélée. C’est le devenir de la planète et de l’humanité, qui est posé. Quel futur pour le vivant dans une économie mondiale dont les profits sont confisqués par les fonds de pension, les consortiums boursiers, les grands groupes bancaires et quelques héritiers des plus grandes fortunes souvent constituées en exploitant les populations et les matières premières des territoires les plus peuplés et les plus dépendants.

Pandémie et réchauffement climatique actionnaires accélèrent les prises de conscience individuelles et collectives mais ne parviennent pas  à redonner tout son sens à l’action publique qui se heurte au poids et à l’influence d’une économie qui a pris le pas sur le politique.

Les beaux discours et les bonnes intentions ne parviennent plus à convaincre et la non-participation aux échéances électorales devient majoritaire, notamment dans les territoires les plus éloignés, les moins peuplés, les plus vieillissant, les moins bien pourvus en services et en emplois qualifiés et valorisant.

Aux risques climatiques et économiques s’ajoute donc un risque démocratique et une nouvelle crise de l’engagement qui va de pair avec celle de la perte progressive des repères communs et  du sentiment d’appartenance à la communauté. A quoi sert le partage de valeurs communes quand le modèle idéalisé donne plus d’importance aux biens qu’aux liens ?

Il y a un vrai besoin de plus de justice et une nécessité d’améliorer les moyens d’existence et de vivre dans la dignité d’une majorité de nos concitoyens. Cela ne se réduit pas au pouvoir d’achat mais aussi et surtout au pouvoir de vivre et d’agir.

Osons le dire : le problème n’est pas le pouvoir d’achat des plus pauvres mais bien celui des plus riches : celui qui consiste à vendre des produits dont on n’a pas vraiment besoin en organisant le marché ou à normaliser l’acquisition de biens de confort qui contribuent à la déforestation de la planète,  au pillage des métaux lourds, au recours massif aux énergies fossiles, à la main d’œuvre sous-payée, au travail des enfants, à la concentration des industries polluantes dans les pays les plus pauvres, à la délocalisation des entreprises de production pour réduire les coûts de mains d’œuvre tout en augmentant le coût écologique sans le comptabiliser dans le prix de revient des produits…

Malaise ! Mal être !

La perte de valeurs communes va donc de pair avec une inégale répartition de la valeur monétaire. D’où la perte de bon sens, de sens commun et de sens réel à la vie et à l’engagement personnel, familial et professionnel.

Les nouvelles formes de travail et de son organisation renforcent les accommodements individuels dans certains métiers (le plus souvent tertiaires), la dépendance au numérique et conduisent progressivement à un décloisonnement des sphères publiques et privées, personnelles et professionnelles. Quel sens cela a-t-il pour l’individu, pour la société à court et à long terme ? Quel lien est-il encore possible de faire entre son travail et son utilité sociale, écologique, économique et culturelle ?

Les périodes que nous venons de vivre, crise sanitaire, guerre en Ukraine, montée des prix de produits de première nécessité, inflation, exacerbation et stigmatisation des migrations, totale perte de confiance dans les processus démocratiques et dans la classe politique (au moins dans notre pays), peuvent-t-elles agir comme une alerte et permettre de rebondir en saisissant l’opportunité de donner un nouveau souffle, de prendre une nouvelle direction ?

Quels choix pour quelle direction ?

Cela ne veut pas dire tout effacer et repartir à zéro. Ne diabolisons pas tout ce que nous lèguent les générations précédentes. Ces héritages, faits de progrès sociaux et matériels, d’accès plus généralisé à l’éducation, la formation et à la connaissance, constituent un patrimoine commun à défaut d’une culture commune.  Cet existant est un socle, parfois chancelant, qu’il nous faut consolider en réduisant certainement l’ambition consommatrice de biens inutiles à fort impact sur le réchauffement climatique et en réinventant le rapport du local au global et inversement.

Comment prendre la bonne direction dans les choix à venir ? Y a-t-il une ou plusieurs directions possibles? Un ou plusieurs modèles d’économies et de société qui peuvent cohabiter et coopérer sans détruire la planète ?

C’est dans ce contexte, anxiogène pour certains, source de nouvelles opportunités pour d’autres, que la résilience des individus et des territoires se construit. Les processus transitionnels n’excluent pas les ruptures, voire les conflits, mais les utilisent comme moyens de franchir collectivement un nouveau cap.

Cette année, les journées des territoires 2022 organisées par l’UNADEL devraient nous permettre de visiter ces questions nécessaires afin d’envisager les pistes possibles d’un développement sensible et coopératif.

Plus que jamais ce qui nous relie, le développement local, son histoire, ses fondements et ses principe mais aussi l’expérience et l’ingénierie des territoires que nous écoutons et de ceux que nous accompagnons, doivent nous permettre  d’aborder les enjeux de l’opportunité de construire les transitions en commun.

Transmettre, imaginer et choisir… vers et pour quelle direction nouvelle ?

Claude Grivel – juillet 2022

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