Communiqué de presse de l’association “Ville et Banlieue de France”du 3 novembre 2011
RAPPORT DE L’ONZUS : LES BANLIEUES EN CRISES
“Justifier une prétendue stabilité de la situation dans les banlieues par l’absence d’émeutes de même nature que celles de 2005 depuis cette date (entretien de Maurice Leroy au Monde, le 02 novembre), c’est faire l’impasse sur les tensions extrêmes qui secouent toujours ces quartiers, comme à Villiers-le-Bel en 2007. En outre, cela ne saurait signifier qu’il n’y a pas de crises structurelles dans les banlieues, bien au contraire : crise sociale, crise économique, crise sanitaire, crise identitaire, crise républicaine. Les résultats du dernier rapport de l’ONZUS viennent confirmer ce que les maires de banlieue diagnostiquent au quotidien dans leurs territoires.
Crise sociale :
1 habitant sur 3 vit sous le seuil de pauvreté
3 habitants sur 10 sont au RSA
1 habitant sur 2 ne dispose d’aucun diplôme supérieur au brevet des collèges
1 jeune de moins de 18 ans sur 3 est couvert par la CMUC
Crise économique :
1 actif sur 5 est au chômage
plus de 4 jeunes sur 10 sont au chômage
Crise sanitaire :
près d’1 habitant sur 4 a renoncé à des soins pour raisons financières
1 adulte sur 6 n’a aucune couverture maladie
Crise identitaire :
6 immigrés ou descendants d’immigré sur 10 ne se sentent pas perçus comme des français
1 immigré ou descendant d’immigré sur 5 (qui représentent la moitié des habitants de ces quartiers) pensent avoir été victime de traitements inégalitaires ou de discriminations.
La situation, loin de se stabiliser, continue de se dégrader : entre 2009 et 2010, le chômage a par exemple augmenté de 2,3 points pour atteindre 20,9% (contre 9,2 en France à la même période).
Les banlieues vivent, en même temps qu’elles la révèlent pour notre société, une crise républicaine profonde. Malgré les politiques publiques mises en place, elles restent les victimes d’injustices sociales et territoriales inacceptables dans un pays qui prône l’égalité d’accès aux droits : droit au logement, à l’emploi, à l’éducation, aux soins, à la culture,
La République ne peut pas juste se contenter de « ne pas laisser les gens de côté », elle doit réinvestir pleinement ces quartiers. L’association des maires Ville et Banlieue de France appelle à la prise de conscience de l’urgence de la situation dans ces quartiers, au retour et au réinvestissement total de l’Etat aux côtés des acteurs locaux.
Elle demande la mise en place rapide d’un deuxième programme de rénovation urbaine ; l’engagement national pour une véritable solidarité financière ; une politique de l’emploi volontariste et ambitieuse à la mesure des enjeux ; le renforcement du droit commun dans ces quartiers, ciblé sur les associations qui y maintiennent le lien social, sur les policiers, les magistrats, les équipes éducatives, qui doivent pouvoir exercer leur travail dans des conditions satisfaisantes ; une politique d’accès aux soins repensée face au risque de désertification médicale ; l’interdiction du DALO en zones urbaines sensibles pour ne pas renforcer la ghettoïsation,
Les maires de Ville et Banlieue réclament ces mesures d’urgence, car se joue dans ces quartiers l’effectivité de la promesse républicaine.“