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Quelques idées clés retenues au fil de notre débat…
A partir du constat que notre Démocratie est en souffrance, le jeudi du Développement Local du 19 septembre, a mis en évidence l’importance d’imaginer des solutions nouvelles voire de réactiver des solutions anciennes, un peu oubliées, qui ont pourtant fait leurs preuves. Des propositions ont été avancées.
Trois points de vue singuliers ont été exprimés, comme autant de clés de lecture et de regards croisés qui tendent toutefois à converger autour de quelques idées.
Dans le droit de fil de son livre, « Pour en finir avec la démocratie participative [1]» Nicolas Rio avance une question: la démocratie participative est-elle une sorte de réponse alibi aux désordres observés de la démocratie représentative, l’illusion d’une fausse équivalence entre représentation et participation ?
De fait, si l’importance de la représentation politique est partagée par tous, elle apparaît clairement en crise. Les réponses apportées par le corps des édiles répondent de plus en plus mal aux attentes citoyennes et populaires. Les majorités deviennent improbables, les minorités se sentent mal ou pas représentées et encore moins prises en compte.
Il y aurait donc à la fois un déficit de représentation, l’image du corps social ne se retrouvant pas dans celle des assemblées élues, et un déficit d’écoute, les solutions proposées répondant de façon insatisfaisante aux besoins, des Français.
Les pistes exprimées lors du débat ont été nombreuses :
- Développer une nouvelle capacité d’écoute de la part de nos représentants, pour mettre fin à la « surdité sélective observée lors des protestations citoyennes. »
- S’orienter vers une « démocratie du faire » qui améliore le quotidien, le bien être, le bien vivre, comme le propose Laurence Barthe, universitaire et administratrice de l’UNADEL
- Remobiliser le corps électoral pour obtenir des assemblées qui traduisent réellement la diversité des profils de notre société,
- Imaginer de nouvelles réponses pour ceux qui ne sentent pas représentés par les candidats, redonner une lisibilité et une place aux inaudibles
- etc
En outre, n’y a-t-il pas un paradoxe entre la désaffection des urnes et l’ampleur des initiatives et mouvements citoyens, les 20 Millions de bénévoles, le million 400 000 d’associations qui s’investissent dans l’action locale, pour répondre à des enjeux d’intérêts collectifs, créer du commun ?
Pour Claire Thoury, Présidente du Mouvement Associatif, trois questions semblent devoir être approfondies en matière de démocratie participative :
- Si l’on admet qu’il est important et utile de mobiliser la réflexion et l’engagement citoyen, la question se pose de savoir à quel moment, sur quel sujet et selon quelles modalités.
« Cela pourrait être sur les sujets sur lesquels un problème de société se pose et sur lesquels on est globalement en panne, on n’a pas encore de solution, à l’instar de la fin de vie. Prendre alors l’avis d’un groupe de citoyens apparaît tout à fait légitime et répond à la nécessité de faire un pas de côté ».
- Les citoyens ont-ils besoin d’une commande publique, au risque d’être dépendants de leurs commanditaires ou bien sont-ils tout à fait légitimes à s’auto organiser ?
- Dès lors qu’une commande est exprimée, un débouché des travaux et propositions est-il clairement identifié ? Cela paraît indispensable pour en finir avec l’impuissance transformatrice contestée.
A mi-chemin entre la représentation politique et les assemblées citoyennes, Claire Thoury attire notre attention sur la place des corps intermédiaires, des corps constitués .
Acteurs majeurs de la vie publique et de l’intermédiation, ils ont été affaiblis ces dernières années par la montée en puissance de mouvements et de coordinations et par un pouvoir central peu enclin à les consulter. Pour autant, ils ont été dans le passé de puissants régulateurs, et pourraient jouer pleinement leur rôle dès lors qu’ils trouvent eux aussi les ajustements et la modernisation nécessaires à l’adhésion de nouveaux membres et un mode de fonctionnement plus contemporain.
Enfin, elle exprime un plaidoyer en faveur de l’instauration de lieux d’expression et de régulation de la conflictualité, lieux de débat entre personnes de sensibilité et d’avis opposés. Cette capacité à débattre suppose comme cela a été rappelé, une formation des citoyens, une éducation et nous rappelle l’importance de l’éducation populaire dont c’est la vocation.
En conclusion, réinterroger la démocratie représentative pour la rapprocher de notre réalité sociologique, donner la parole aux minorités, soutenir l’écoute territoriale et sociale, mobiliser les citoyens, consolider les intermédiations avec les corps constitués, ouvrir de nouveaux espaces de dialogue et de débats : autant de pistes à creuser pour réenchanter notre démocratie !
[1] N. Rio ; M. Loisel . Pour en finir avec la démocratie participative – Editions Textuel-2024