L’avis mesuré, mais toutefois “agacé” de l’Unadel sur l’appel à projets pôle d’excellence rurale.

En quête de repères

 

 

 

 

Point de vue de l’Unadel sur l’appel à projets Pôle d’excellence rurale

 

 

 

 

 

 

Le premier ministre, Dominique de Villepin, a annoncé, le 22 novembre dernier, au Congrès des Maires, le lancement d’un appel à projets « Pôle d’excellence rurale ».

 

 

Par mesure d’équilibrage, après avoir consacré quelques subsides sur les pôles de compétitivité, le gouvernement a donc décidé de soutenir en 2006 les territoires ruraux, à travers le soutien à des investissements locaux portant sur le développement du tourisme, du patrimoine et de la culture. Ils appuieront le développement de filières agricoles et alimentaires d’excellence ou bien encore la mise en valeur d’espaces naturels remarquables.

 

 

Il faut d’abord se féliciter d’un réinvestissement de l’Etat sur les territoires ruraux. Même s’il n’en a jamais été absent, son intervention ces derniers mois s’est plus focalisée sur les métropoles, les pôles de compétitivité. Il y avait bien eu une loi sur le développement des territoires ruraux, mais de peu de souffle et encore moins de moyens.

 

 

Hors du temps

 

Mais cet appel à projets est hors du temps. La méthode de l’appel à projets n’assurera pas un aménagement équilibré des territoires ruraux, mais le risque d’une mise en concurrence des établissements de coopération intercommunale, des parcs naturels régionaux, des pays, des groupes d’action locale entre eux, y compris au sein des territoires de projets.

 

 

Cet appel est lancé comme si, depuis plus de dix ans rien n’avait bougé sur les  territoires ruraux. C’est pourtant la décennie du formidable essor de l’intercommunalité de projet, à travers les communautés de communes, c’est la reconnaissance et la diffusion des Pays, à travers les lois Pasqua et Voynet, c’est l’essor des parcs naturels régionaux, ce sont plus de 140 territoires mobilisés à travers le programme Leader +, ce sont des départements et des régions de plus en plus investis sur les politiques territoriales et même sur la territorialisation de leurs politiques.

 

 

Depuis plus de dix ans, se sont développées les solidarités, la logique de contractualisation entre les différents partenaires, gage d’efficience. La mise en place d’un volet territorial aux Contrats de Plan Etat Région, grâce à la vision prospective de Jacques Chérèque, pilier de l’Unadel, a permis que des territoires ruraux devient des territoires de projets, d’envie, voire de participation.

 

 

Cet appel à projets n’est qu’une version très édulcorée de cette dynamique. Il en reprend quelques principes, mais il en laisse bien d’autres de côté. Au partenariat entre toutes les collectivités, il ne retient que le partenariat public-privé, à l’animation d’un territoire et d’un projet, il ne garde que l’investissement, au soutien aux multiples initiatives qui réveillent les territoires ruraux, il préfère quelques projets dits structurants, dont les impacts sont hypothétiques.

 

 

Notre agacement face à cet appel à projets est le fruit de notre histoire. L’essentiel de nos combats a trait au développement local participatif et aux territoires de projets. Dans ce cadre, il nous semble percevoir, à travers la dynamique d’appel à projets, le risque d’un « détricotage » des territoires de projets, une mise à mal de la synergie qui commençait à pointer entre Etat – Régions et territoires infra-régionaux. En effet, à travers les annonces, on parle plus de ZRR, de seuils de populations, de nombres de dossiers, de délai ou de thématiques, que de projets, de contrats, d’hommes et de femmes.

 

 

 

Parier sur le local

 

« Il n’est de richesse que d’hommes » écrivait Jean Baudin. Il y a de formidables acquis après trente ans de développement local, en France, mais demeurent aussi des blocages considérables.

 

 

Cet appel à projets doit être saisi par les uns et les autres sur les territoires de projets pour renforcer les collaborations, les coopérations, les solidarités entre les différentes collectivités qui se doivent d’être au service de leurs administrés. Il peut être l’occasion de redonner du souffle eu projet de territoire en réinterrogeant les priorités, les nécessités des uns et des autres.

 

 

Cet appel à projets doit privilégier le partenariat et les réponses concertées au détriment d’un face-à-face stérilisant entre l’Etat et des territoires atomisés et en concurrence.

 

 

Cet appel à projets doit être ambitieux en montrant que le partenariat public-privé n’est pas d’abord budgétaire. Il s’agit de participation, de mise en œuvre d’une confiance réciproque entre acteurs publics et privés, qu’ils soient entreprises, associations, coopératives, citoyens militant pour le développement de leur « bout de pays ».

 

 

Cet appel à projets doit être aussi l’occasion d’interroger les modalités du développement des territoires. Il s’agit de composer finement entre logiques équipementières et processus d’animation locale.

 

 

Cet appel à projets doit être inscrit dans un temps plus long. Les territoires ruraux attendent plus de l’Etat un engagement sur la durée, à travers les Contrats de Plan Etat-Région notamment, qu’une politique de coups.

 

 

A ces conditions, pourquoi pas un PER qui n’oublient pas ces quelques repères. L’Unadel, avec tous ses adhérents et partenaires y sera vigilante !

 

 

 

 

 

 

Pour l’Unadel

Eric Andrieu, président

Auteur : Olivier Dulucq

Partager…

… et s’inscrire pour recevoir nos informations :

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription est confirmée.

Dans la boîte !

Inscrivez-vous à notre newsletter pour suivre nos actualités.