L’émotion suscitée par les incendies parisiens amène tous les « grands élus » à annoncer que le logement doit être une priorité nationale. Le Premier Ministre devrait même demain, lors de sa conférence de presse de rentrée, prendre « des initiatives fortes ».
Il n’est pas question ici de critiquer par avance telle ou telle mesurette, mais de s’étonner quelque peu de la tartufferie de telles annonces.
Pour les acteurs du développement local, en milieu rural comme en milieu urbain, la politique du logement est au cœur des préoccupations de bien des projets. Et c’est d’autant plus difficile quand il s’agit d’imaginer et de financer du logement social. Ce qui provoque quelque irritation, c’est l’attitude des responsables nationaux sur ces sujets. La loi sur les responsabilités locales, quoi que l’on puisse en penser, est passée par là. Ce sont désormais les intercommunalités et les départements qui ont principalement la main sur ces compétences.
Or les annonces parisiennes ou lors d’universités d’été de partis politiques continuent de tomber comme à Gravelotte. Pourtant, l’Etat n’est plus que le garant de la solidarité nationale en matière de logements sociaux et on voit mal avec quels critères Paris devrait bénéficier d’un soutien particulier. Plus probablement, nous sommes devant une attitude de plus en plus coutumière de l’Etat. Il y a deux possibilités :
§ Soit l’Etat se réserve les annonces, charge aux collectivités territoriales de faire, suivant ce qu’elles veulent ou peuvent.
§ Soit l’Etat décide et attend que les collectivités locales exécutent.
Il y a quand même un problème récurrent sur cette thématique comme sur bien d’autres. L’Etat continue de se positionner en chef d’orchestre, sans le sou et espérant que les musiciens suivent alors qu’il a solennellement inscrit dans la Constitution que la France était désormais décentralisée.
Cette attitude, qui n’est pas particulièrement nouvelle et qui n’est donc pas le monopole d’une tendance politique, contribue à renforcer ce que Pascal Lamy stigmatisait dans une récente interview au Monde 2 : la sacralisation de l’Etat. Les Français et singulièrement les socialistes attendraient tout, et donc trop, de l’Etat. Mais si l’on continue à leur faire prendre des vessies pour des lanternes, il ne faut pas s’étonner du résultat. L’Etat peut aujourd’hui le moins, mais il continue à faire croire qu’il peut tout, qu’il voit tout, qu’il sait tout, qu’il fait tout.
Auteur : Olivier Dulucq