Le concept de préférence nationale a émergé dans le débat politique français avec Le Gallou et le Grece qui, au début des années 1970, ont théorisé la xénophobie. Pas de racisme bien sûr, mais en s’inspirant notamment des modalités de coopération européenne, qui en bâtissant un espace économique aux tarifs douaniers atténués, avait fait émerger la préférence européenne.
Nous venons d’avoir un débat politique passionné ces derniers mois sur le traité établissant une constitution européenne, avec le résultat que l’on sait. Sans se lancer dans une analyse exhaustive des raisons qui ont conduit à un tel vote sanction, force est de constater qu’au moins officiellement tout le monde ou presque était pro-européen. Il s’agissait de déterminer si elle était trop libérale ou pas assez. Les discussions sur le budget ont montré surtout qu’elle n’était pas assez française…
Comment peut-on imaginer contruire un espace de projet, un projet de territoire, uniquement sur des bases égoïstes. Ce n’est plus Jean Monnet, Konrad Adenauer qui inspirent l’Europe, en tous les cas ses dirigeants français, c’est Margareth Thatcher. “I want my money back” déclarait-elle en 1984, avec quelque succès. C’est le crédo aujourd’hui entonné sans relâche : à chaque sommet européen, nous rejouons Joyeuses PAC !
Il est évident que l’agriculture française doit tout à la fois être modernisée et soutenue, que les agriculteurs sont des acteurs essentiels du développement rural, mais est-ce le sujet ?
Imagine-t-on que l’intercommunalité aurait pu connaître un tel succès sur cette logique de conserver les avantages acquis et de récupérer le maximum. Imagine-t-on que c’est le meilleur moyen de concevoir la solidarité territoriale, un développement harmonieux.
Ne nous trompons pas, le budget agricole européen n’est pas forcément trop élevé. C’est le budget global qui est insuffisant. La France, l’Allemagne et le Royaume Uni, parmi quelques autres, estiment que l’on peut intégrer dix nouveaux Etats membres à budget constant, tout en récupérant leur argent.
Jean-Claude Junker, premier ministre luxembourgeois et actuel président de l’Union a déclaré qu’il avait honte pour conclure ce sommet européen. Nous le comprenons !
Auteur : Olivier Dulucq