L’alliance des territoires au service des transitions : retour sur le colloque du 18 juin à Rennes

Sabine Hutareck et Valérian Poyau, de l’Unadel, ont participé au Colloque national « L’alliance des territoires au service des transitions / Urbain, périurbain, rural / Dialoguer, expérimenter et agir ensemble » organisé par le le Pôle métropolitain Loire-Bretagne le 18 juin 2019 à Rennes.

Synthèse des échanges

Dans le contexte de crise et fractures sociales qu’a connu le pays (mouvement des gilets jaunes), il y a un retour vers le local et le renforcement des coopérations entre les métropoles et leurs territoires environnants engagés depuis deux ans.

Certains éléments énoncés sur les métropoles sont infondés :

  • il n’y a aucun effet mécanique/automatique au ruissellement des métropoles vers les autres territoires. Le modèle de développement territorial équilibré est d’abord volontariste et ne doit pas être descendant,
  • le fait que les métropoles capteraient toutes les richesses même si l’emploi qualifié est effectivement concentré dans les métropoles. Le taux de chômage est plus élevé dans la métropole de Rennes qu’à ses portes. Les métropoles concentrent les quartiers prioritaires au titre de la politique de la ville.

Il faut bâtir des coopérations dans un rapport gagnant/gagnant via les nouveaux enjeux liés aux nouvelles transitions (les sociétés post carbone, les mobilités à une plus grande échelle). Il faut également prendre en compte la réalité des besoins des habitants, faire confiance au local, avoir conscience du défi climatique et ne pas oublier la dimension économique et sociale.

Le local est le lieu de toutes les expérimentations et coopérations sectorielles autour de dispositifs et/ou processus (comme le plan climat-air-énergie territorial), démarches de développement durable, gouvernance polycentrique à l’œuvre autour des communs, dans l’économie sociale et solidaire….

La coopération localisée reste un chantier prometteur mais émergent : il y a encore beaucoup de freins à ce qu’elle se développe massivement (opposition urbain/rural, fief à tenir, peur de perdre du pouvoir, des prérogatives…).

Il y a un lien justice sociale/justice spatiale. La question d’équité territoriale se pose en France car notre État keynésianiste a fracturé spatialement les territoires. Il est nécessaire de mettre en œuvre des gouvernances horizontales à l’inverse de notre culture verticale. Cela ramène aux questions d’organisation de l’État et où l’on situe la justice sociale.

En conclusion sur ce thème : pour réussir les coopérations/alliances entre les territoires, il faut

  • faire évoluer les mentalités (la peur de la grande ville qui « mange » les petits territoires),
  • établir un rapport d’égalité entre les élus quel que soit la nature et taille de leur territoire,
  • se donner du temps pour se rencontrer et travailler ensemble,
  • prévoir des temps réguliers de travail en commun,
  • ne pas oublier que si la notion de dialogue est importante, les objectifs communs que l’on vise, le sont aussi,
  • se donner le doit à l’expérimentation et ne pas oublier que l’on expérimente,
  • faire une place aux citoyens, qui reste à inventer,
  • évaluer les politiques publiques.

Les territoires évoqués en exemple :

  • le Pays de Retz et Nantes Métropole,
  • Angers Métropole et le pôle Métropolitain Loire/Angers,
  • la Région Bretagne et la Breizh Coop,
  • les Mauges,
  • le Pays de Vitré,
  • Brest Métropole,
  • les villes de Rennes et Nantes.

3 septembre : Journée de réflexion et d’échange « Transitions et inclusion sociale : Où en est-on ? »

La Ville de Loos en Gohelle, le Centre de ressource du développement durable (CERDD) et le Carrefour des métiers du développement territorial s’associent pour amorcer conjointement une réflexion sur la prise en compte de la question sociale dans les transitions. En effet, que ce soit au niveau local, régional ou national, de nombreux acteurs expérimentent des démarches articulant des préoccupations environnementales, économiques et sociales. Quels enseignements peut-on en tirer et plus largement quelles évolutions de l’ingénierie territoriale pour faciliter les coopérations interacteurs et une mobilisation active des personnes concernées ?

A partir d’une rencontre des acteurs loosois, un temps de travail sera organisé entre acteurs du champ du social, du développement durable et des chercheurs et formateurs afin de préciser les enjeux institutionnels, de coopération et d’évolution des pratiques professionnelles pour favoriser une « transition inclusive ».

Objectifs de cette journée

– Amorcer une réflexion sur la « place » de la question sociale dans les dynamiques de transitions et ses incidences en termes de « référentiels » métiers et d’ingénierie territoriale,

– favoriser l’échange et la mise en réseau entre praticiens du développement territorial (social, économique, environnement…), structures intermédiaires et chercheurs,

Déroulé prévisionnel

– Matinée : retour d’expérience, visite et échanges avec les acteurs du territoire de Loos et du Bassin minier

– Après midi : travail en petits groupes pour faire émerger les principaux constats, enjeux et hypothèses de travail (transitions et inclusion sociale : où en est-on ?) / contributions à la réflexion : regards croisés praticiens – structures intermédiaires – chercheurs / perspectives

Document de préparation de la journée de réflexion et d’échange du 3 septembre

La place des coopérations dans la Politique de la Ville (journées IRDSU)

Des membres du carrefours des métiers du développement territorial ont participé aux journées nationales de l’inter réseau des professionnels du développement social urbain (IRDSU) qui se sont déroulées les 13 et 14 Juin dernier à Strasbourg sur le thème de « La place des coopérations dans la Politique de la Ville ».

Voir le communiqué de l’IRDSU à l’issu des journées : Co-construction et contractualisation : il faut dépasser les injonctions contradictoires !

Sylvain Pambour et Philippe Carbasse y ont animé un atelier intitulé “Développement territorial et coopérations, quel renouvellement de l’ingénierie ?”

Présentation de l’atelier

Avec la multiplication des cadres de collaboration intra et inter-territoriaux, des partenariats institutions-société civile, la coopération apparaît comme un levier essentiel des « transitions territoriales ». Après une présentation des travaux du Carrefour de Métiers du Développement Territorial, l’atelier questionne les pratiques développées dans le cadre de la politique de la ville et les enjeux d’évolution des compétences professionnelles et des méthodologies de projet.

Constats, enjeux, questionnements évoqués par les participants sur la coopération :

Constats :

  • mobilisation sur le long terme, difficile sur des projets d’envergure,
  • caractère aléatoire de la coopération, ne se décrète pas,
  • prés carrés institutionnels,
  • organisation en silo, frein à la coordination,
  • management transversal inexistant,
  • mode projet rare,
  • niveau de préoccupation différent selon les acteurs.

Enjeux :

  • faire « tomber la veste »,
  • développer collectivement une (autre) culture du partenariat,
  • faire confiance, laisser faire, tester,
  • moyens humains et financiers pour mettre en œuvre,
  • accompagner le changement de pratique et/ou d’usage,
  • rendre lisible ce que chacun a à gagner,
  • se rassurer et rassurer sur les coopérations,
  • le concept doit être partagé (cf. exemple des usages qui réunit tous les acteurs) : sortir de « rapports de force » et aller vers des « équipes pluridisciplinaires ».

Questionnements / besoins :

  • retour aux habitants et prise en compte de leurs besoins,
  • existe-t-il des outils, des bonnes pratiques pour favoriser la coopération ?
  • doit-on créer des gouvernances spécifiques pour s’obliger à coopérer ?
  • temps nécessaire à la coopération et à la décision,
  • comment produire du « sens commun » en associant des expériences et savoirs très divers ?

Apports et éléments de réflexion : power-point présenté lors de cet atelier Carrefour des métiers-Unadel

Rapport de l’AITEC : “Collectivités locales, reprendre la main, c’est possible !”

Lire et télécharger le rapport de l’AITEC “Collectivités locales, reprendre la main, c’est possible !”

Le nouveau rapport de l’AITEC « Collectivités locales, reprendre la main, c’est possible ! Politiques publiques de transition démocratique et écologique : résistances et alternatives locales à la libéralisation » se fonde sur une enquête approfondie menée en 2017 auprès d’élu-e-s, d’agents territoriaux, et d’acteur-trice-s du monde associatif. Il met en avant des politiques publiques locales alternatives, plus démocratiques, plus justes et plus durables, à rebours de la libéralisation des marchés, du tout-privé et d’une économie hors-sol.

L’aspiration modeste est de dresser un paysage non exhaustif des contraintes réglementaires que rencontrent les collectivités locales progressistes pour porter des politiques publiques locales de transition démocratique et écologique. Ce rapport propose des pistes pour saisir les opportunités permettant de créer un “écosystème” d’alternatives afin de renouveler ou inventer des formes de gouvernance locale plus démocratiques, justes et durables.

Contact : contact.aitec@reseau-ipam.org

Illustration : Claire Robert

Points que soulève le rapport de l’AITEC et liens avec les actions menées par l’Unadel (par Sabine Hutareck, membre du bureau de l’Unadel) :

Cette étude renvoie à la nécessité d’un développement endogène dans les territoires par rapport au modèle dominant qui est exogène et qui dépossède les acteurs locaux, dont les collectivités territoriales, de leur pouvoir au profit du privé et de grands groupes.

Cette nécessité d’un développement endogène des territoires pour redonner du pouvoir au local et contrebalancer les effets pervers de la mondialisation et de la délocalisation de l’emploi, renvoie aux dynamiques de développement local. Par ses valeurs, ses actions, ses publications et sa mission d’accompagnement au développement des territoires, l’Unadel s’inscrit dans un certain nombre de préconisations du rapport : sur les transitions énergétiques et la mise en réseau des territoires (voir par exemple le rapport de synthèse « Transition et conduite du changement »), sur la mobilisation d’acteurs et l’implication citoyenne (voir par exemple les écoutes territoriales et citoyennes, le Carrefour des métiers, les Journées des territoires)…

Le rapport de synthèse « Transition et conduite du changement » est disponible !

Ce rapport retrace les enseignements que l’Unadel a tirés de sa collaboration à l’étude ADEME de 2018-2019, en partenariat avec Quadrant conseil et JFC3D.

L’Unadel y analyse les ressorts d’une transition énergétique de territoires à partir des exemples :

  • de la ville de Malaunay (Normandie),
  • de la Communauté de Communes du Val d’Ille-Aubigné (Bretagne),
  • de celle des Crêtes Préardennaises (Grand Est),
  • de l’Établissement Public Territorial de Plaine Commune (Île-de-France),

en s’appuyant sur l’expérience de 20 ans de la commune de Loos en Gohelle.

Ce rapport complète utilement les rapports de synthèse des écoutes de territoires en transition réalisées par l’Unadel déjà publiés sur ce site.

 

Comprendre son passé pour préparer son avenir : retour sur la rencontre-débat du 6 mai 2019

Le lundi 6 mai, Georges Gontcharoff, les administrateurs et l’équipe de l’Unadel, tous celles et ceux qui ont contribué à la rédaction du livre “Vous avez dit développement local ?” publié par la librairie des Territoires, ont organisé une rencontre de présentation de l’ouvrage [disponible en cliquant ICI].

Celle-ci a permis d’échanger sur l’histoire et les fondements du développement local, son actualité (enjeux et controverses) et son devenir. Les échanges se sont prolongé autour d’un verre. Organisée avec le concours de Territoires conseil, la rencontre a rassemblé 40 participants dans une salle mise à disposition par la Caisse des dépôts et consignation à Paris.

Extraits du propos d’ouverture, par Claude Grivel, président de l’Unadel :

[…] Parler développement local aujourd’hui, est-ce faire preuve de résistance et de crispation passéiste ? ou n’est-ce pas davantage s’inscrire délibérément dans une approche avant-gardiste de la transformation sociale et sociétale, capable de faire germer les graines de la résilience des territoires et des hommes ?

Pour l’Unadel le développement local est un incubateur de projet, un accélérateur de changement, un levier pour développer la culture de la démocratie d’implication et du débat, comme de la co-construction de politiques publiques adaptées aux besoins et non imposées par les objectifs comptables et la réduction de pseudo déficits.

Le développement local est une méthode, une démarche et un engagement : celui de mettre l’humain au centre, de développer la qualité du vivre ensemble sans oublier l’importance du faire ensemble et de prendre toute sa part des responsabilités ; celle de construire du commun et de la coopération plutôt que de la concurrence et de la compétition.

Le développement local, c’est une histoire et un savoir à partager pour construire demain. […]

Ce livre est un recueil de clefs pour comprendre et se projeter dans un monde en profonde mutation. C’est un socle de transmission de savoirs. Écrit à plusieurs mains autour du métier à tisser de Georges Gontcharoff, dont la plume est toujours aussi précise et alerte, il est mis à disposition des étudiants, des chercheurs et tous les observateurs avisés de la résilience des hommes et des territoires ; il s’adresse également aux militants et à tous ceux qui, dans leurs responsabilités respectives, œuvrent pour une société plus juste, plus humaine et plus désirable. […]

Lire le propos d’ouverture de Claude Grivel en entier

Extraits du texte de Patricia Andriot sur la rencontre du 6 mai :

[…] A travers le rappel historique du développement local tel que présenté dans le livre, et quelques témoignages de contributeurs, la discussion porte sur le chemin parcouru, le sentiment d’une institutionnalisation des politiques territoriales qui n’a pas laissé une vraie place au local et à la créativité citoyenne. Les débats laissent rapidement transparaître un sentiment d’échec quand à la reconnaissance du rôle des mouvements de développement local face aux enjeux actuels. […]

Mais il ne faut pas sous-estimer l’apport des mouvements de développement local à la reconnaissance des territoires, à la culture de l’éducation populaire ou à celle du débat… et à leur reconnaissance par les politiques publiques, qui permettent quand même de maintenir un champs des possibles ouvert pour résister à l’uniformisation et au rouleau compresseur du néo-libéralisme. […]

Selon l’adage qui veut qu’il faut comprendre son passé pour préparer son avenir, cet ouvrage tombe à point nommé en ces temps de grandes transitions, de pertes de repères généralisés et ou le territoire fait figure d’ancrage ou de boussole. A saluer la lucidité d’un mouvement qui ose regarder sans complaisance son bilan, ose dire son incompréhension ou son questionnement pour contribuer aux débats actuels. Cet ouvrage est une riche contribution au débat, qui fait attendre avec impatience le second volume qui devrait analyser la complexité et profiter des enseignements du passé pour participer à l’avenir.

Lire le texte de Patricia Andriot en entier

Transition écologique : comment mettre en mouvement les territoires ?

Transition écologique : comment mettre en mouvement les territoires ? le livret qui retrace 9 expériences et en tire les enseignements est à télécharger

Les élus s’interrogent aujourd’hui sur les moyens de mobiliser l’ensemble des acteurs de leurs territoires vers la transition énergétique et écologique (TEE).

Quelles sont les clés de réussite pour lancer des démarches efficaces de transition énergétique ou écologique ?
Comment déclencher une dynamique durable, impliquant tous les acteurs ?

À partir d’une expérimentation conduite dans neuf territoires*, l’Unadel (Union Nationale des Acteurs du Développement Local) et Mairie-conseils Caisse des Dépôts vous proposent de partager les enseignements et d’échanger sur la méthode, le pilotage, les leviers, la gouvernance territoriale, le déploiement de ce type de démarche, les clés de réussite et points de vigilance.

Si certains territoires choisissent dans un premier temps d’engager des actions essentiellement tournées vers quelques collectivités (réhabilitation de bâtiments publics, énergies nouvelles), tous conviennent que la transition écologique passe par une large mobilisation des acteurs publics et privés, ainsi que des habitants. L’expérience des neuf territoires montre que les leviers d’incitation classiques de type aide financière ou conseil, bien que souvent nécessaires, ne sont jamais suffisants.

Les territoires s’engagent donc dans des démarches impliquant pleinement les acteurs, avec lesquels ils cherchent à coproduire des projets. L’objet de la rencontre est d’échanger sur ces pratiques de mise en mouvement.

* Territoires écoutés sur la transition énergétique : Biovallée (26), Communauté de communes du Val d’Ille (35), Pays de l’Albigeois et des Bastides (81), Pays de Redon – Bretagne sud (35), Pays Midi-Quercy (82), Commune de Loos-en-Gohelle et Communauté d’agglomération Lens-Liévin (62), Le Beaujolais vert (69) ;

Deux Parcs naturels régionaux écoutés sur le tourisme durable : PNR des Landes de Gascogne (33), PNR du Vercors (38)

Télécharger le livret

Énergie, tourisme durable : 9 territoires en transition. Expériences et enseignements. Unadel Mairie Conseils CDC, juin 2016.

mairie-conseils

Lancement de l’expérimentation nationale « S’organiser pour innover »

L’Unadel et Mairie-conseils Caisse des Dépôts lancent une étude portant sur neuf territoires structurés à l’échelle de bassins de vie (grande communauté de communes, pays, PETR, PNR..). Cette expérimentation vise à analyser le « couplage » entre des stratégies de développement innovantes en matière de transition énergétique ou de tourisme durable et le fonctionnement de ces grands territoires.

En quoi les volets « gouvernance », « coopération » et « mobilisation », sont-ils indispensables à la réussite des stratégies de développement innovantes ? Quelles avancées  sont-elles profitables pour l’ensemble du fonctionnement territorial ? Quelles clefs de réussite pourraient-elles être transférées auprès des nombreux autres territoires concernés par ces champs d’actions en plein essor ?

L’étude débute par la réalisation d’un travail « d’écoutes territoriales » réalisées dans les territoires par des binômes d’experts (Unadel, Mairie-conseils, Collectif Ville Campagne, Association 4D, Universités Paris 8 et Université de Pau) et se poursuivra par la réalisation d’ateliers thématiques autour de problématiques communes aux représentants des neuf territoires mis en réseau durant l’année.

Pour aller plus loin