L’entreprise à but d’emploi De laine en rêves, installée en Meurthe-et-Moselle, valorise le travail des éleveurs et emploie six personnes.

Article de Sylvain Adam publié dans la revue Transrural initiatives n°475 / juillet-août 2019

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Matelas, couettes, oreillers, coussins… Depuis le printemps 2018, De laine en rêves transforme la laine de moutons élevés en Lorraine en produits de literie. L’entreprise est installée sur la Communauté de communes du Pays de Colombey et du Sud Toulois, un territoire rural de 11 500 habitants1. Refusant de considérer la privation d’emploi comme une fatalité, le territoire s’est porté candidat pour l’expérimentation nationale Territoires zéro chômeur de longue durée (cf. TRI n°454). En 2016, il a été retenu comme neuf autres territoires en France et accueille aujourd’hui deux entreprises à but d’emploi (EBE) : la Fabrique à Bulligny et De laines en rêves à Allain.

Cette dernière est désormais une Société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) où six anciens chômeurs de longue durée travaillent : Basile, Cosette et Catherine en tant qu’agents de production, Claude pour le secrétariat et la partie commerciale, Djefferson pour un service de tonte de moutons et Philippe, gérant et lui-même ancien tondeur avec trente ans d’expérience. Comme dans les autres EBE, tous sont employés en CDI et payés au SMIC. La réaffectation des coûts et des manques à gagner liés la privation durable d’emploi (environ 18 000 € par personne et par an) assure le versement des salaires et une activité répondant aux besoins du territoire.

 

Valoriser la laine des élevages de Lorraine

Une trentaine de matelas sortent chaque mois de l’entreprise qui propose trois types de conforts – souple, mi-ferme, ferme – pour ces matelas faits main, anti-bactériens, anti-acariens et durables, vendus environ 1 000 € pièce. Les sommiers et la literie sont fabriqués en partenariat avec la Fabrique, l’autre EBE du territoire, où travaillent des menuisiers et ébénistes.

Grâce à des reportages, à la participation à des salons locaux et aux réseaux sociaux et, bien sûr, au bouche-à-oreille, De laine en rêves se fait connaître et les commandes affluent. Si bien que le gérant souhaiterait ouvrir prochainement un site de vente.

Valoriser localement la laine semble aller de soi mais, avant la création de l’EBE, elle était bradée à 40 ou 50 centimes le kilo et majoritairement exportée en Asie. Comment lui redonner de la valeur et assurer quelques revenus aux éleveurs – qui ne parvenaient même pas à couvrir les frais de tonte –, tout en étant attentif au principe de non concurrence avec les entreprises locales ? L’idée de produire des matelas est venue suite à une étude réalisée par la communauté de communes et une étudiante de l’Ensaia2. Contrairement au textile, produire des matelas nécessite une laine gonflante et un matériel relativement limité. Aujourd’hui, treize éleveurs de la région – avec des cheptels allant de 25 à 1 000 moutons – sont intégrés à la SCIC qui leur achète la laine à 1,50 € le kilo.

 

Maîtriser l’ensemble du processus

Entre la tonte et la transformation de la laine, il y a une étape essentielle : le lavage. Comme il n’existe pas actuellement de station dans la région, Philippe fait lui-même l’aller-retour à Verviers en Belgique où 100 tonnes de laine sont lavées tous les jours. Pour ancrer l’ensemble de la chaîne de production localement, l’idée est de créer une station de lavage à proximité, plus petite que celle de Verviers et surtout plus « propre ». Philippe espère que ce projet verra le jour dès la fin de l’année.

Sylvain Adam (Unadel)

 

Plus d’infos : www.de-laine-en-reves.fr et www.facebook.com/De-laine-en-r%C3%AAves-167319087455217.

  1. Pour en savoir plus sur cette communauté de commune pionnière du développement local, lire un entretien avec son directeur Xavier Loppinet sur : https://unadel.org/grand-est-2-rencontre-avec-avec-xavier-loppinet-colombey-les-belles-et-sud-toulois/

  2. École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires de Nancy.

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