Des raisons de se réjouir ? Pas si fréquent !
Pourtant, en ce début d’année nous avons au moins trois bonnes raisons de nous réjouir
Les fiches territoires des Écoutes réalisées par Territoires et Citoyens en Occitanie (bientôt en ligne sur notre site @) viennent d’être publiées. Elles achèvent le programme d’Écoutes Unadel 2023/2024 sur le thème : « habiter, travailler agir ensemble dans les territoires en transition ». Merci aux écoutants mobilisés autour de Sylvain, Vincent, Laurence, Agnès, Paulette, Anne-Cécile et tous les autres. Merci aussi aux acteurs locaux qui les ont accueillis et à ceux qui sont venus témoigner aux Journées des Territoires de Carcassonne en juin dernier. Merci enfin à l’engagement du Conseil régional d’Occitanie, à l’ANCT et au Ministère de la Ruralité et des Collectivités Territoriales qui ont accepté de financer ce programme et les Journées nationales des Territoires dans la fidélité et la continuité.
Une nouvelle série d’écoutes territoriales commence en ce début d’année 2025. Les équipes d’écoutants ont été constituées et une formation à Paris a permis de les rassembler (voir la brève ci-dessous). Prochainement elles seront accueillies dans le Var, en Bretagne et dans les Vosges.
Enfin, l’Unadel a été retenue par la Fondation de France pour participer à la mise en place du programme expérimental « Territoires d’engagement ». Ce programme a l’originalité de sortir de la logique des réponses à appels à projet et du financement à l’action. Pour autant il n’en sera pas moins exigeant, y compris pour les fondations hébergées invitées par la Fondation de France à soutenir les territoires qui s’engagent à se transformer pour relever les défis écologiques, sociaux et démocratiques d’aujourd’hui.
La déferlante des mots : vous avez dit submersion ?
On n’en peut plus de ces polémiques, de ces mots repris en boucle par les médias, de ces invectives au cœur du réacteur politico médiatique. L’extrême droite et la droite dure ont imposé leur vocabulaire ; nos plus hauts responsables politiques tombent dans le piège les uns après les autres en l’utilisant sans discernement ni nuance.
Comme l’écrit Paul Quinio dans l’éditorial du journal Libération daté du 30 janvier, « hystériser le débat migratoire relève d’un projet politique qu’on ne savait pas conforme aux valeurs humanistes dont se réclame le leader centriste » devenu 1er ministre.
Nous sommes en droit de nous demander comment fonctionnerait notre pays, ses entreprises du bâtiment ou de la restauration, son service hospitalier et bien d’autres pans de notre économie sans le renfort de personnes venues d’autres pays. Notre démographie régresse. Qu’en serait-il sans les familles venues d’ailleurs ?
Nous nous sommes enrichis culturellement et socialement d’être une terre de brassage et d’accueil. Et si le ressenti de nos concitoyens laisse penser que nous subissons une augmentation considérable du nombre d’étrangers dans notre pays, les chiffres de l’INSEE ne le confirment pas. Hervé Le Bras, grand démographe et historien, invite nos dirigeants à consulter davantage les données produites par notre Institut National de la Statistique avant de s’exprimer. Les chiffres réels contredisent la plupart des discours tenus qui contribuent à transformer le ressenti, l’émotion, le sentiment des gens, en réalité politique. On conforte ainsi le mensonge pour en faire une vérité. À deux ans des élections présidentielles, est-ce bien le bon plan ?
Certes, il y a un vrai besoin de trouver des solutions à la situation politique et sociale de Mayotte, lointaine collectivité territoriale unique d’outre-mer. La problématique du logement après les ravages de la tempête récente et de l’insuffisance des politiques publiques depuis l’indépendance des Comores, nécessite un acte fort et pas seulement des annonces irréalistes. Pour autant la remise en cause aujourd’hui du droit du sol à Mayotte, pour préparer son extension à l’ensemble du territoire national demain, est une erreur juridique, une faute morale historique et une bombe à retardement. Comment penser que les expulsions vers des territoires de misère, le retour « au pays » de ceux qui sont nés en France et qui ne connaissent pas d’autre pays que celui que nous partageons ensemble, peut apaiser les tensions dans notre pays, renforcer notre économie et financer nos retraites et notre protection sociale ?
Depuis des décennies on observe les conséquences de la misère repoussée aux portes de la ville pour « faire des villes propres ». Qu’ont produit les cités dortoirs ? Le mal logement, les bidonvilles ressurgissant aussitôt qu’on les détruit, les économies souterraines de toute nature, le sans-abrisme ?
Nous sommes au XXIème siècle et nous ne trouverions pas d’autres solutions que de rejeter, d’enfermer, de stigmatiser pour éviter de construire des solutions durables, respectueuses et dignes ? ! Arrêtons la surenchère dans l’absurdie et la honte de l’usage de mots qui tuent l’espoir. Et relevons nos manches pour construire un autre modèle de société humaine, fraternelle et juste. La seule submersion qui vaille et à laquelle nous devons préparer nos territoires est celle de la montée des océans, des rivières et des fleuves gonflés par le réchauffement climatique.
Pour une démocratie du vivre et du faire ensemble territoire commun
A l’Unadel nous ne sommes pas partisans de la pensée unique, mais nous ne pouvons pas nous ranger derrière des slogans, des invectives, des insultes qui attisent les fractures sans construire des solutions. La controverse est utile et permet de construire de moins mauvaises décisions.
Dans une assemblée, quelle qu’elle soit, il faut se méfier du consensus mou ou des décisions expédiées qui n’ont pas été vraiment préparées, argumentées et soumises à la discussion. La fertilisation croisée des points de vue ne s’assoit pas sur leur diversité. C’est vrai dans la vie associative comme dans les assemblées citoyennes, les conseils municipaux ou intercommunaux, les conseils d’administration, etc…
Pour parvenir à une décision acceptée sinon validée par le plus grand nombre, il est souhaitable de parvenir à construire du consentement. C’est l’inverse de la loi du plus fort, du plus riche, de celui qui crie le plus ou qui ose le plus en s’affranchissant de toute règle, de tout morale, de l’éthique et de la justice comme des fondements de la démocratie. C’est redonner de l’utilité à la minorité qui peut être éclairée, et se méfier des majorités mal construites et imposées par des appartenances et des étiquettes sclérosantes.
Voici venu le temps de penser municipales. Un an pour être à nouveau candidat pour certains ou y songer pour la première fois pour d’autres, un an pour construire une démarche, un projet, une équipe, une dynamique. C’est très court et c’est un exercice complexe et passionnant. C’est un engagement qui oblige à sortir de sa zone de confort et qui permet d’apprendre beaucoup, de découvrir d’autres ressources et connaissances que les siennes, qui doit pousser à penser collectif et bien commun. C’est une ouverture aux autres, à un territoire, un paysage à découvrir différemment, un pas supplémentaire vers plus de pouvoir d’agir dans un environnement de plus en plus contraint. Que cet engagement débouche ou non sur l’élection, il apporte un plus à chacune et à chacun et à coup sûr à la vie et à la démocratie locale.
Être candidat aux municipales de mars 2026, c’est s’engager avec une équipe, réfléchir avec elle à la vision qu’on a de sa commune, de son environnement, des interactions qu’elle a avec les communes voisines et les territoires d’appartenance plus larges ; c’est accepter de confronter cette vision avec celle des autres pour imaginer la commune souhaitée pour demain. Mais c’est aussi comprendre quelle est la fonction de la commune et de ses élus, son cadre d’action réglementaire, ses marges de manœuvre…
Le périmètre d’action de la commune et son pouvoir d’agir ne se limite pas à ses frontières administratives
Le périmètre d’élection communal est en réalité un périmètre d’élection au sein d’autres instances souvent mal connues et mal comprises de nos concitoyens (intercommunalité, mission locale, établissement public d’intérêt culturel, office intercommunal du tourisme, parc régional, centre intercommunal d’action sociale, agence de développement économique , etc…) et qui ont un rôle essentiel dans la mise en place des politiques publiques locales et l’organisation des services à la population. C’est un monde complexe et nouveau souvent pour les potentiels candidats. Il ne s’appréhende pas du jour au lendemain. Être élu c’est aussi prendre le relais de ceux qui ont été en responsabilité avant soi, sans forcément devoir partir d’une feuille blanche.
Nous reviendrons dans les mois à venir, sur les propositions de l’Unadel pour construire des communes et des intercommunalités utiles, porteuses de projet et donnant plus de place à tous les élus communaux et intercommunaux, aux citoyens, aux associations et autres acteurs de la vie locale. La décentralisation doit se renforcer et l’Etat doit mieux jouer le jeu sans instrumentaliser ni contraindre davantage.
Et nous sommes preneurs de vos contributions, de vos expériences, de vos préconisations. Elles seront travaillées dans les ateliers coopératifs de notre réseau at alimenteront les jeudis du développement local à venir comme nos publications et propositions d’accompagnement.
D’ores et déjà nous nous réjouissons de l’initiative de plusieurs associations d’élus qui réclament l’extension du scrutin de liste à toutes les communes en acceptant des listes incomplètes pour les communes de moins de 1000 habitants. Comme elles, nous souhaitons aussi plus de parité au sein des intercommunalités. Cela passe à notre sens par une élection directe à l’intercommunalité et la présentation simultanée d’un projet communal et d’un projet intercommunal par les listes candidates au suffrage universel. Le bloc communal associe des communes dans toute leur diversité dans une intercommunalité dont la gouvernance paritaire reste à construire et doit associer davantage tous les élus municipaux et se rapprocher des habitants et de leurs besoins.
Les pratiques intercommunales et communales sont scrutées par nos concitoyens. Elles sont parfois, souvent, vertueuses mais peuvent aussi être moins technocratiques, moins dans la communication instantanée ou sur papier glacé et plus dans l’action en profondeur qui associe davantage toutes les parties prenantes. C’est une condition de la vitalité et de la durabilité d’une démocratie locale qui se construit dans le consentement avec et pour les citoyens.