« Quand tu cherches ton chemin, souviens-toi d’où tu viens » ! Ce proverbe africain souvent cité par Michel Dinet*, nous rappelle l’importance de l’enracinement dans une histoire et des valeurs pour donner sens à une trajectoire de vie ; la vie de celles et ceux qui individuellement ou collectivement partagent des engagements, des projets, des combats parfois, pour construire l’avenir des territoires.
S’enraciner en tenant compte de l’action de celles et ceux qui ont ouvert des portes, tracé des sillons, ne veut pas dire se renfermer sur la certitude que c’était mieux avant. Mais pour savoir où l’on va, il faut pouvoir se dire d’où on part et trouver des modes de faire adaptés à l’époque et à une société dont les processus de changement s’accélèrent. On connaît désormais la finitude du monde et les risques que les humains font courir à la survie de la planète. On connaît aussi l’avidité d’une économie essentiellement financière, peu préoccupée du bien-être collectif, de la réduction des inégalités et de l’injustice et pas davantage de la survie de la biodiversité. Pourtant quand la planète Terre aura implosée, les banquiers et les spéculateurs pourront-ils s’offrir une arche spatiale pour aller reconstruire une vie et une monnaie sur Mars ?
Le développement local c’est d’abord une forme de résistance, de résilience. C’est aussi la conviction que les vraies richesses ne sont pas dans le coffre des banques ou de la dizaine de milliardaires qui possèdent 99% de la fortune du monde.
La résistance naît souvent d’une indignation, d’une agression subie et de crises d’origines multiples. Elle s’organise en réseau sur la base d’une prise de conscience : nous ne sommes pas seuls à vivre la même chose. Le renoncement n’est pas une fatalité, la soumission à l’adversité n’ouvre aucune fenêtre. Des femmes et des hommes de toutes origines et de toutes conditions retroussent les manches et choisissent la créativité, l’imagination et l’intelligence collective pour entreprendre et trouver des voies d’avenir. « Seul, on va plus vite, mais ensemble on va plus loin… ».
Depuis 26 ans désormais, dans les pas des pionniers du développement rural ou de l’éducation populaire, dans les villes, les quartiers de banlieues ou les villages, l’Unadel est à l’écoute des innovations sociales et des constructions démocratiques originales ; celles qui ont fait émerger la coopération intercommunale et toutes les formes de participation à la gouvernance des territoires et des communes en mobilisant les citoyens de tous horizons, habitants, jeunes ou plus âgés, élus associatifs ou élus locaux, bien décidés à inventer de nouvelles formes de développement plus respectueuses des personnes et de l’environnement, dans une République démocratique décentralisée et reliée au monde.
Il s’agit aujourd’hui comme hier de favoriser la mise en mouvement des acteurs locaux. Chacun a un rôle à jouer pour faire ensemble société.
Être à l’écoute des territoires et de leurs animateurs, capitaliser les expériences, contribuer à la formation et à l’émancipation des citoyens acteurs en soutenant l’ingénierie de projet et d’animation transversale et globale du quartier, de la ville, de la commune ou de territoires plus vastes, organisés et reliés, c’est la vocation de notre très modeste association des acteurs locaux mais pas seulement. L’Unadel est aussi reliée à d’autres au sein d’un véritable écosystème.
Alors que la communication prend désormais la place de l’information voire de la politique, l’Unadel se doit de mieux faire connaître ses réflexions, ses productions ou celles des réseaux proches avec lesquels elle agit. Ce nouveau support doit aussi faire lien entre nous et donner envie de communiquer sur les expériences de terrain que vous avez à connaître.
N’hésitez pas à diffuser et à faire connaître cette lettre et à devenir contributeur ou contributrice. Le réseau existe grâce à vous. Participez à écrire le récit du développement local.
Claude Grivel
Président de l’Unadel
* Michel Dinet, président fondateur de l’Unadel, décédé brutalement en 2014