Les jeudis du développement local donnent la pêche
Je souhaite commencer cet éditorial en rendant hommage à l’équipe de préparation des Jeudis du Développement Local. Ce rendez-vous mensuel en ligne est une vraie réussite qui mérite d’être signalée. Proposé à l’initiative de l’Unadel, en coopération avec les réseaux du développement local au sens large et en particulier de Citoyens & Territoires dans le Grand-Est, Territoires et Citoyens en Occitanie, les Localos, et des personnes ressources issues de Cap rural ou du CNFPT, il permet de renforcer les liens et de croiser les regards pertinents d’acteurs de terrains, de chercheurs, de grands témoins ou d’élus locaux, de professionnels ou de bénévoles militants.
Si vous n’avez pas réussi à vous joindre aux échanges des derniers jeudis, vous pouvez les retrouver en replay sur le site de l’Unadel : https://unadel.org/actions-chantiers/12900-2/
Ce jeudi 15 mai, Pierre Torrente, directeur du campus d’excellence des métiers du tourisme pyrénéen à Foix, Florian Chardon, directeur du syndicat Mixte du Canigõ Grand Site dans les Pyrénées Orientales et Dominique Fourcade, maire d’Ax les Thermes en Ariège nous ont alerté sur les risques de penser que les territoires en déprise pourraient trouver dans le tourisme la solution de relancer leur économie. « Le tourisme ne peut pas être l’activité principale, sinon elle s’accompagne de fermetures des écoles et des commerces » a expliqué Pierre Torrente : il faut trouver un équilibre entre toutes les formes d’économie territoriale, industrielle, agricole, artisanale, culturelle et touristique, voire sociale et solidaire.
Les intervenants ont également insisté sur l’importance de partager la connaissance des ressources du territoire pour pouvoir se projeter avec une vision d’avenir qui intègre la complexité écologique et sociale de l’écosystème que nous partageons avec la nature, la faune et la flore, la ressource en eau et l’évolution climatique.
Les témoignages de Florian Chardon et de Dominique Fourcade ont été très complémentaires et éclairants, bien que très différents. “Aucun acteur territorial n’a tout seul l’ensemble des clefs” (..) “l’interaction entre différentes catégories d’acteurs et d’organisations en responsabilité dans les territoires est un plus” (…) “Cette logique partenariale, indispensable pour inscrire nos territoires reliés dans le temps long et faire vivre un projet de territoire dont l’ambition n’est pas de court terme”.
Cette matinée nous renvoie aux fondamentaux du développement local comme le dira en conclusion Laurence Barthe, coprésidente de TCO, administratrice de l’Unadel et universitaire à Toulouse et Foix. Elle insistera aussi sur l’importance de la culture et de la formation, initiale, continue et d’éducation populaire, pour relever les nouveaux défis d’un monde qui bouge.
Ces Jeudis du Développement Local avec des regards croisés, permettent des échanges d’une grande richesse qui s’appuient sur les pratiques et les connaissances des acteurs de terrains. Ce temps mensuel est très formateur, rafraichissant et créée du réseau de qualité entre « faiseurs et diseurs » au plus près de la réalité des territoires vécus et incarnés.
Prochain rendez-vous le 26 juin sur le thème « retour à la terre/les nouveaux réinstallés ». Il sera animé par nos complices des Localos également membres de l’Unadel.
L’Assemblée Générale de l’Unadel
Elle aura lieu le 22 mai prochain à Pantin au siège du MRJC. C’est la 33ème sauf erreur et ce sera l’occasion de revenir sur les évènements de l’année passée, les difficultés et les réussites de notre réseau. C’est aussi l’occasion de se projeter et d’envisager les orientations à prendre alors que l’année en cours est déjà bien engagée. 2025 est la 3ème année de notre organisation en ateliers coopératifs. Nous ferons le bilan de cette organisation et tenterons de lui redonner un second souffle, toujours en lien avec nos partenaires nationaux mais aussi avec les réseaux et les acteurs régionaux qui se reconnaissent dans les valeurs et les fondements du développement local.
Une Assemblée Générale est aussi l’occasion d’accueillir de nouveaux administrateurs, de réajuster la gouvernance et de donner un cap à l’équipe salariée, mobilisée sur tous les fronts. L’accompagnement cette année de la Fondation de France nous a permis, avec le concours de l’Etat, de diversifier nos partenariats financiers et de relancer une nouvelle vague d’ Écoutes Territoriales. Le Carrefour des Métiers a été privé de son financement traditionnel de la politique de la ville en 2024 et nous avons dû nous adapter tout en cherchant à maintenir un pôle de travail autour de l’ingénierie de la transformation écologique et sociale à laquelle les territoires locaux doivent s’organiser pour relever les défis de l’impact du réchauffement climatique et des transformations d’usage que cela nécessite.
La question du devenir des réseaux associatifs et de leurs moyens d’agir est posée dans un contexte géopolitique de tensions fortes entre pays et de pressions budgétaires des États qui ont bien souvent d’autres priorités que celle de soutenir le monde associatif, pourtant indispensable au maintien du lien entre habitants et au bon fonctionnement des services dont ils ont besoin.
Comment résister, se transformer, s’associer, pour mieux se renforcer et envisager l’avenir ? Telle sera la question à laquelle nous aurons à répondre le 22 mai prochain à la Confiserie de la Paix (belle symbolique en cette période de tensions fortes) à Pantin.
Vous n’êtes pas encore adhérents de l’Unadel ? Vous souhaitez nous rejoindre ? Vous souhaitez vous inscrire, participer à notre assemblée générale et prendre connaissance des rapports qui seront soumis au vote ? les rapports sont adressés aux adhérents.
C’est encore possible de nous rejoindre via hello asso et de vous inscrire à l’AG : contact@unadel.org
Reprendre le pouvoir sur nos vies et réveiller la démocratie
L’appel de Nantes …
Pour rappel le Pacte du Pouvoir de Vivre, la République des Idées et le Lieu unique nous invitent avec Pierre Rosanvallon les 13 et 14 juin prochain à Nantes pour débattre et réveiller la démocratie. Face à la perte de confiance envers les institutions et à la montée des populismes, comment redonner du souffle à la démocratie et reprendre du pouvoir sur nos vies ? Vous souhaitez participer à ce temps important de travail entre acteurs de la société civile, le lien est ici
Et celui du 18 juin à Toulouse …
Quelles articulations entre politiques sociales et écologiques pour une transition juste et inclusive ? C’est la question qui sera traitée à l’invitation du Conseil départemental de Haute-Garonne et de l’Unadel qui s’associent pour faire un état des lieux des démarches territoriales, pointer les enjeux, collecter des retours d’expérience et tracer des perspectives de travail en lien avec le CEREMA, le CNFPT et la Fédération d’Action Sociale.
Faut-il prendre le pouvoir pour le partager ?
C’est en tout cas ce que nous propose Fréquence commune, coopérative des communes participatives sous la plume de Elisabeth Dau, Cléa Fache et Léa Legras dans un petit ouvrage qui vient de paraître. Les auteurs reviennent sur les Expériences et apprentissages des communes participatives entre 2020 et 2026. A moins d’un an des prochaines municipales cette lecture est conseillée aux candidats et à ceux qui souhaitent avoir une approche alternative de l’engagement communal. La notion de pouvoir peut déranger. Le partage de la responsabilité et l’engagement pour le bien commun peut passer par un mandat municipal mais pas seulement. Nous reviendrons dans la prochaine Lettre de l’Unadel sur nos propres propositions et sur celles des groupes de travail du Pacte du Pouvoir de Vivre et du réseau régional de Citoyens & Territoires, auxquels j’ai la chance de pouvoir participer avec ma modeste expérience d’ancien maire et président de communauté de communes, et celle de citoyen engagé.
Un salut amical à Hugues Sibille, compagnon de route dans l’action
Sur la route de l’économie sociale et solidaire et de la construction de la Fabrique des transitions, j’ai rencontré Hugues Sibille, président du laboratoire de l’économie sociale et solidaire depuis 10 ans. Nous nous sommes retrouvés à nouveau dans la démarche du Pacte du Pouvoir de Vivre où nous continuerons à partager nos réflexions et nos propositions, souvent convergentes.
Ce n’est pas le lieu de faire ici sa biographie (au demeurant accessible sur le net), mais au moment où il va quitter la présidence du labo, je voudrais citer cet extrait du dernier édito qu’il signe dans la lettre de l’ESS de ce mois: “Dans un laboratoire, on cherche, on réfléchit, mais on expérimente aussi, on teste, on rend compte. C’est ce que s’efforce de faire sans relâche le Labo. Depuis 15 ans il n’a jamais perdu le contact avec les territoires où se déroule la vraie vie, entrepreneuriale, associative, innovative… restant fondamentalement « bottom up ». “
Pas étonnant que nous nous soyons reconnus comme partageant ces valeurs du développement local qui construisent le changement à partir de l’expérience du local et de sa capacité à infléchir et à s’articuler avec les politiques publiques descendantes.