Municipales… 2026 !

Le pouvoir local d’agir et de choisir ! 

Le 12 mars 2025, le Sénat a approuvé la proposition de loi adoptée à l’Assemblée Nationale il y a 3 ans, portant généralisation du scrutin de liste proportionnelle et paritaire dans les communes de moins de 1000 habitants.

Cela s’appliquera donc en 2026.

C’est la fin du panachage dans les petites communes. Le nombre d’élus dans les communes de moins de 1000 habitants passe de 15 à 13 et de 11 à 9 dans celles de moins de 500 habitants (avec dérogation au principe de complétude, soit une possibilité de présenter des listes incomplètes).

Certains craignent la politisation et surtout l’émergence d’une opposition dans les conseils municipaux. D’autres se réjouissent qu’il soit enfin mis un terme au tir au pigeon (le nom des élus en vue et les plus en responsabilité étant souvent les premiers barrés sur les bulletins de vote).

Ce premier pas est important. Il permet de mieux prendre en compte, dans toutes les communes, la diversité des opinions des électeurs également représentée dans les assemblées communales.  Il nous faudra pouvoir vérifier, dans la séquence municipale à venir, si cette loi favorise vraiment la confrontation des idées et permet de faire émerger une coconstruction du projet communal pour les habitants et au service du bien commun.

Le texte voté permet aussi et surtout de généraliser la parité et la mixité au sein des conseils municipaux. Enfin ! C’est un gage de transformation de la nature des débats et de meilleure prise en compte des difficultés de la vie quotidienne des habitants.

Encore faut-il donner envie aux uns et aux autres de s’engager et de veiller aux moyens de favoriser l’équilibre entre vie personnelle, vie familiale, vie professionnelle et exercice d’un mandat électoral. Encore faut-il qu’il y ait au moins une, sinon plusieurs listes dans chaque commune, indépendamment de sa taille.

S’engager dans la vie municipale, c’est une aventure qui transforme, qui responsabilise et qui oblige. Figurer à titre individuel sur une liste, c’est sortir de l’anonymat et accepter avec d’autres une fonction publique. C’est aussi entrer dans une équipe municipale dont la cohésion ne se décrète pas mais se construit. C’est accepter, dans un fonctionnement collectif d’équipe élue sur la même liste ou non, de ne pas toujours partager les mêmes idées, de s’enrichir de l’opinion de l’autre et changer de regard et de vision si nécessaire, pour mieux prendre en compte la pluralité des points de vue.

Construire une vision et partager la même ambition pour sa commune, c’est un chemin. Le but n’est pas de consolider des égos, mais de s’attarder sur le processus d’élaboration de la décision à prendre au nom de l’intérêt général et de se mettre d’accord sur ce qu’est l’intérêt général.

C’est donc s’engager au débat, à la confrontation des idées et à la construction de compromis. C’est souvent plus facile de mettre l’accent sur ce qui différencie, plutôt que de valoriser ce qui rassemble.

Un choix éminemment politique et non politicien

Voter c’est choisir non pas un projet contre un autre, mais donner une priorité à telle ou telle équipe et à son projet, peut-être en fonction de la capacité à faire évoluer ce dernier pour mieux tenir compte de la diversité de l’électorat et de la population. C’est un choix politique et non politicien. Ce n’est pas un chèque en blanc.

Voter aux municipales c’est aussi voter pour la représentation intercommunale. Il est grand dommage que le Sénat ait totalement fait l’impasse sur le mode d’élection à l’intercommunalité et renoncé surtout à imposer aussi la parité au sein des assemblées intercommunales.

Plus que jamais l’Unadel souhaite réaffirmer l’importance et le rôle déterminant d’une intercommunalité qui n’écrase pas les communes mais les met en valeur avec ses élus et ses habitants dans sa gouvernance et dans ses priorités.

L’élu communal, le maire n’est pas l’avocat de sa commune forcément la plus belle et la mieux gérée au sein de la “méchante intercommunalité”, au pouvoir technocratique et politicien, souvent exercé par la commune centre, représentée par plus d’élus intercommunaux parce que plus grosse en nombre d’habitants et qui décide de tout sans tenir compte de l’avis des petits, des ruraux, de ceux qui n’ont pas les mêmes moyens.

Comme l’a dit la Ministre Françoise Gatel reprenant la chanson de Jacques Brel en s’adressant aux maires ruraux : « gémir n’est pas de mise… ». Elle a raison. L’intercommunalité est un prolongement des communes, une organisation pour leur permettre de mieux prendre en compte avec elles, des compétences qu’elles ont du mal à assumer seules.  L’intercommunalité, ce sont les rives d’une même rivière.

Pour autant l’Etat doit redonner des marges de manœuvre financières et politiques aux élus locaux, aux intercommunalités et aux communes. C’est essentiel  pour que les collectivités locales et leurs organisations à géométrie souvent variable, puissent conserver capacité à agir en tenant compte des spécificités et des particularités géographiques, économiques, sociales des bassins de vie et des bassins versants.

En matière de développement et d’aménagement du territoire, les lois doivent fixer un cadre et un cap et définir des orientations fortes en matière de politiques publiques.  Leur application et déclinaison territoriale devrait pouvoir tenir compte des réalités sociales, écologiques et économiques du terrain, des espaces et des paysages, des coopérations interterritoriales existantes ou en devenir, y compris avec les régions voisines, parfois les pays voisins pour les zones transfrontalières.

En dépit de plus de 40 ans de décentralisation, la plupart des textes pensés et votés à Paris sont insuffisamment adaptés à ces réalités du vécu et du ressenti local.

C’est une des sources de la défiance croissante vis-à-vis de la politique et de ceux qui l’incarnent. Selon la dernière enquête du Cevipof avec OpinionWay, 26% des Français ont confiance dans la politique et 73 % demandent un vrai chef pour remettre le pays d’aplomb. Cela doit pousser au sursaut.

Faire l’autruche n’éloignera pas le danger.

Appel au courage politique des parlementaires, du gouvernement et des élus locaux

La réforme votée ne suffit pas.

Un geste fort s’impose pour imposer la parité et le suffrage universel comme mode d’élection à l’intercommunalité.

Un  geste encore plus fort consisterait à séparer l’élection intercommunale de l’élection municipale pour poser enfin clairement la question de savoir si on accepte qu’il y ait en France des territoires qui continuent à s’enrichir tandis que d’autres s’effondrent socialement, des territoires qui vont perdre plus d’un tiers de leur population dans les 40 ans à venir tandis que d’autres continueront à grossir sur le littoral ou dans les grandes métropoles, en dépit des risques climatiques qui toucheront d’abord les côtes et les villes. Répartir mieux la population et la richesse, résorber ensemble les défis climatiques et démographiques, ce sont des enjeux forts d’aménagement du territoire qui concernent toutes les communes mais que toutes ne peuvent pas affronter seules et indépendamment les unes des autres.

Votons au suffrage universel pour une représentation intercommunale forte, paritaire et porteuse d’un projet discuté, argumenté et en cohérence avec les besoins des habitants et des communes. Puis votons pour des équipes municipales qui sauront construire, défendre et porter à la fois le projet intercommunal et le projet communal en y associant l’ensemble des élus municipaux dans un dialogue fécond, voire en coopération avec tous les autres acteurs du territoire et avec les habitants.

Renforcer la coopération entre les communes et l’intercommunalité pour mieux répondre aux défis des territoires ! C’est le thème de l’appel à manifestation d’intérêt lancé par notre réseau régional du Grand Est, Citoyens & Territoires. Les Ecoutes en cours ont déjà fait l’objet d’un rapport intermédiaire fort intéressant, à découvrir dans cette lettre et sur notre site. Bonne lecture.

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