Et si on parlait d’écoute ?
Et si on écoutait davantage ce que les habitants de notre pays, leurs élus locaux, les associations et les corps intermédiaires, ceux qui font vivre les territoires et les services, ont à dire, à nous dire et à proposer ?
Je partage totalement le propos de Hugues Sibille, président du laboratoire de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) dont je reproduis ici, avec son plein accord, des extraits de la tribune qu’il a publiée le 4 novembre dernier (avant que ne tombe le résultat des élections américaines).
Il y a vraiment peu de raisons d’espérer des changements qui viennent d’en haut. Jour après jour, comme les feuilles mortes qui se ramassent à la pelle, les mauvaises nouvelles s’accumulent. Celles liées au projet des lois de finances, celle de la dette qui va peser lourd sur les générations à venir et particulièrement sur le devenir des associations, sur le pouvoir d’achat, sur l’accroissement des inégalités et de la pauvreté, sur les investissements en faveur de l’adaptation climatique …
Hugues Sibille évoque les coupes sur les finances de l’ESS. Pour l’Unadel c’est dès cette année 2024 une coupe nette du financement du Carrefour des métiers de l’ingénierie du développement local, du développement social urbain et de la conduite du changement vers les transitions.
Et que dire des départements, des communes et intercommunalités, des régions qui se voient amputer dans leur capacité à agir ?
La société civile aurait-elle pu mieux se faire entendre, infléchir les décisions en matière de priorités budgétaires et de gestion de la dette ?
Comment mieux peser et trouver des relais chez les élus locaux et nationaux ? C’est bien de toutes ces questions dont nous avons parlé ensemble avec Hugues Sibille et avec les 64 organisations du Pacte du Pouvoir de Vivre réunies en séminaire de travail jeudi dernier au siège de la Mutualité française. (cf article dédié dans cette lettre).
Les évènements de ces dernières semaines ici en France, comme ailleurs dans le monde, devraient relier davantage les humanistes, les tisserands de liens dans les villages et les villes, dans une forme de résistance et de co-construction de solutions à l’échelle de nos petits territoires de vie et d’action.
C’est là que doit se construire la démocratie de demain pour freiner la diffusion des idées simplificatrices et caricaturales qui font le succès des manipulateurs d’opinion et contribuent à creuser les inégalités. Notre village est de taille différente mais il reste le lieu des communs. Qu’avons-nous en commun avec ceux qui s’accaparent la richesse de tous à leur seul profit ? Notre ambition n’est pas d’aller nous réfugier sur Mars, mais d’imaginer le devenir de nos territoires locaux comme des laboratoires d’un avenir meilleur.
C’est pourquoi nous souhaitons à l’Unadel retravailler la question de la démocratie territoriale à l’heure des transitions (voir l’appel à projet) à partir d’exemples concrets; écouter ce que les territoires volontaires ont à nous en dire aujourd’hui.
La démocratie n’est pas un acquis et l’Etat de droit est menacé
Ce sont pourtant des piliers de la République. Ceux qui protègent les plus fragiles.
A nous de les défendre alors qu’ils sont menacés
Le chômage revient, la destruction de milliers d’emploi est à nouveau dans l’actualité. L’adaptation aux changements du monde ne doit pas être une opportunité pour quelques-uns de faire fructifier leurs rentes, quand d’autres perdent leurs moyens d’existence et leurs raisons de vivre.
Quand les personnes exilées seront renvoyées dans le pays qu’elles ont fui, quand les associations déposeront leurs bilans faute de subventions et de soutien à leur fonctionnement, quand les entreprises ne trouveront plus de main d’œuvre et n’auront plus de concours de l’Etat ou des collectivités locales, quand le service public sera totalement confié au secteur privé lucratif, que restera-t-il de la vie sociale dans les territoires et les quartiers ? Qui sera responsable ?
Remettons l’ouvrage sur le métier !
Alors, tissons les liens entre acteurs locaux pour en faire une force qui refuse le repli sur soi, la résignation, le « tout pour ma gueule », la facilité de désigner des boucs émissaires. Agitons nos cerveaux et inventons cet autre monde possible. Retrouvons la créativité du développement local, celui qui a permis de contribuer à la réindustrialisation ou à la revitalisation des territoires qui ont subi les délocalisations ou l’exode rural.