Transitions et conduite coopérative du changement, pour développer le pouvoir de vivre et d’agir dans les territoires

Retour sur l’AG de l’Unadel et projet 2019

L’Assemblée générale de l’Unadel a eu lieu cette année le vendredi 17 mai, de 9h30 à 13h à la Fédération des centres sociaux. 32 personnes y ont participé (pour information, il est toujours possible d’adhérer à l’association et de prendre part à ses activités). 

L’ordre du jour de cette AG :

  1. Ouverture et bilan 2018
  2. Chantiers 2019 et perspectives
  3. Élection du CA

Lire et télécharger le Procès-verbal de l’assemblée générale du 17/05/2019

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Lire et télécharger le Rapport moral 2018

Extrait :

L’Unadel fédère, mutualise et fait connaître les savoirs, les savoir-faire, les pratiques et les initiatives qui réenchantent la démocratie et redonnent sens au projet et au collectif. Nos forces restent cependant limitées et nous ne pouvons agir avec efficacité que dans le cadre d’alliances et de partenariats. Il ne sert à rien d’avoir raison tout seul, comme il est dangereux d’avoir tort avec tous. De plus en plus d’acteurs économiques et de corps intermédiaires partagent avec nous la conviction que nous devons travailler au changement de modèle de société, construire une pensée en adéquation avec la finalité et mettre en place des actions concrètes à toutes les échelles pour engager un processus de changement de modèle dans tous les domaines. Il s’agit de provoquer, d’accompagner et de faire vivre les transitions, aussi bien dans la gouvernance – nos concitoyens veulent être associés aux décisions et contrôler directement l’efficacité de leur mise en œuvre – que dans les modes de production et de consommation.

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Lire et télécharger le Rapport d’activités 2018

Extrait :

Cette année aura été également l’occasion de travailler sur la mémoire du développement local avec la réalisation d’un ouvrage de référence « vous avez dit développement local ? », un ouvrage de près de 400 pages avec les témoignages d’une cinquantaine d’acteurs qui ont été à la base de ces pratiques. L’occasion également de travailler à la réalisation d’un MOOC, pour le compte du CNFPT, pour expliquer concrètement ce qu’est le développement local aujourd’hui, à destination des agents des collectivités territoriales et au-delà à ceux qui s’intéressent aux questions d’aménagement du territoire, de transition, de conduite de politique publiques locales. L’occasion enfin de continuer à travailler avec « l’écosystème » associatif et d’organisations qui œuvrent à des places diverses autour des questions de transition sociale et écologique et de participation citoyenne. La fin de l’année, avec l’irruption du mouvement des « gilets jaunes » constitue un rappel du réel qui ne peut que nous interpeller, nous membres de l’Unadel et tous nos partenaires engagés dans les chantiers de la démocratie locale et de la transition sociale et écologique.

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Lire et télécharger le Rapport d’orientations et projet d’activités 2019

Orientations :

  1. Être davantage présent sur la scène publique et médiatique en affirmant un discours politique fort : le pouvoir de vivre et d’agir dans les territoires
  2. Construire une contribution à la réforme du CESE et soutenir l’initiative des gilets citoyens
  3. Améliorer la lisibilité de l’Unadel et nourrir l’envie d’Unadel
  4. Poursuivre les actions et chantiers traditionnels de l’Unadel, et les partenariats qui permettent de faire réseau et de développer des relais en région.
  5. Renforcer la vie associative avec un développement de l’implication bénévole et une articulation administrateur/salarié renforcée sur le suivi des chantiers et sur la constitution d’équipes d’intervention dans les territoires auprès des candidats aux municipales.
  6. Renforcer l’écosystème et les partenariats
  7. Renforcer l’indépendance de l’association
  8. Affirmer nos convictions, notre spécificité et nos analyses

Hommage à Hubert Favre, figure emblématique du développement local

Hubert Favre, figure emblématique du développement local, qui a consacré sa vie à sa terre du Beaufortain, nous a quittés le 5 mai 2019.

Hubert Favre a été à sa manière comme un Paul Houé pour le mouvement du développement local. L’Unadel exprime tout l’attachement que lui doit le réseau de ceux qui l’ont connu, et de tous ceux qui s’en inspiraient.

Il déployait pour son Beaufortain, et bien au-delà, des capacités étonnantes avec une liberté et une audace capables de mettre en mouvement ce qui pouvait paraître parfois invraisemblable. Il a donné et transmis un vrai élan de vie au mouvement du développement local.

Il a été un personnage marquant, qui continuera à nous accompagner en étant une marque forte du développement local.

Après avoir couru toute ma vie pour mon Beaufortain,

Semé des graines d’Associations,

Cultivé des amitiés et la joie d’être Ensemble,

Récolté la mémoire de mon territoire,

Je suis parti tranquillement vers les étoiles.

Je ne sais pas si le Paradis est aussi joli que mes montagnes,

Mais j’y trouverais sûrement des amis,

Avec lesquels nous formerons le club des millénaires !

Arvi Pà

Hubert FAVRE

1932-2019

Grand Est #2 / Rencontre avec avec Xavier Loppinet (Colombey-les-Belles et Sud Toulois)

Xavier Loppinet est directeur de la Communauté de Communes du Pays de Colombey-les-Belles et du Sud Toulois. Sylvain Adam, délégué national de l’Unadel, a pu le rencontrer à Colombey-les-Belles le 25 février 2019.

Sylvain Adam, pour l’Unadel / mars 2019

Durant notre entretien, Xavier Loppinet revient sur l’histoire du développement local de ce territoire depuis 40 ans. Une multitude de projets ont pu naître et cette dynamique est toujours bien vivante, avec notamment les créations récentes d’un centre de retraitement textile et de « la Fabrique », entreprise à but d’emploi du dispositif « territoire zéro chômeur de longue durée ». Comment garder le cap et porter des projets qui font sens (à la fois pour la démocratie, l’emploi, l’écologie, le culturel, la santé, la solidarité…) dans un contexte global marqué par un manque d’horizon commun et désirable, une technicisation croissante et un éloignement entre institutions et habitants ?

La nécessité de contrer l’exode rural

La démarche intercommunale est ancienne ici, elle date de 1978. Élu au Conseil général de Meurthe et Moselle, Michel Dinet lance une démarche de diagnostic territorial et publie un livre blanc (un livre noir !) avec écrit sur la première page « Votre canton est en train de mourir, le savez-vous ? ». S’ensuit une série de rencontres qui vont préciser des axes prioritaires d’intervention pour contrer la désertification de ce territoire rural. A partir de cette étape naissent une multitude d’initiatives : aide à la reprise d’exploitations agricoles, développement d’une offre en d’habitat locatif en milieu rural, organisation d’événements culturels pour développer le vivre ensemble, création de l’association « Avenir et défense du canton de Colombey », mise en place de services pour les personnes âgées…

Dès le début des années 80, l’intercommunalité se structure sous la forme d’un SIVOM (syndicat intercommunal à vocations multiples, qui s’appellera EPCI, Établissement public de coopération intercommunale et deviendra plus tard communauté de communes). Les groupes de travail mis en place incluent des habitants du territoire et les décisions sont prises par celles et ceux qui participent à ces groupes de travail, pas uniquement par des élus.

Des projets plutôt que de la gestion

Aujourd’hui la Communauté de communes est constituée de 38 communes (en Meurthe et Moselle et Vosges) et de près de 12 000 habitants. Même si Michel Dinet a passé la main en 1998, la dynamique de développement local est toujours bien présente, avec le souhait de trouver un équilibre entre l’adaptation nécessaire aux contraintes réglementaires et l’évolution de la société tout en restant en continuité avec l’esprit d’origine. Colombey tente ainsi de rester un territoire de projets plus qu’un territoire de services.

Parmi les projets structurants depuis les années 1990, on peut citer :

– la MARPA (Maison d’accueil rurale pour les personnes âgées, étendue aujourd’hui avec une unité Alzheimer) ;

– deux crèches intercommunales et bientôt trois;

– trois maisons de santé,

– un Relais Familles (lieu d’écoute parents-enfants et relais d’assistances maternelles ainsi qu’un projet de mobilité solidaire avec transport bénévole ;

– un ESAT (Établissements et services d’aide par le travail) avec une soixantaine de travailleurs handicapés ;

– un Centre Européen de Recherches et de Formation aux Arts Verriers avec, en plus des activités de formation et de recherches, un Fab Lab, un lieu d’hébergement et de restauration ainsi que de sensibilisation du public (à Vannes-le-Châtel, à côté de la Compagnie Française du Cristal Daum) ;

– un centre de tri textile ;

– une agence de développement économique Terres de Lorraine (Pays) avec l’accompagnement des porteurs de projets et l’aide pour l’immobilier d’entreprise ;

– trois compagnies de théâtre professionnelles avec une grosse programmation culturelle, une trentaine de spectacles par an et un festival de contes…

Pour que la Communauté de communes reste dans le développement et le travail partenarial, la gestion de chacun de ces lieux et projets est en général confiée à d’autres structures (les groupements d’intérêt public pour les crèches, la MARPA, et l’ESAT ; Familles rurales pour le Relais familles, des associations…). L’opération programmée d’amélioration de l’habitat, en direction des propriétaires bailleurs et occupants, est en revanche animée en interne.

La vitalité en milieu rural

Cette dynamique a permis de stopper l’exode rural : en perte de population en 1978 à l’arrivée de Michel Dinet, la Communauté de communes est désormais attirante. L’accroissement de sa population est ainsi deux fois supérieur à celui du département.

De réputation internationale, Le CERFAV (Centre européen de recherches et de formation aux arts verriers) par exemple est un attracteur puissant.

Le travail partenarial se traduit par une habitude de « se causer » même si on n’est pas toujours d’accord et permet de continuer d’exister avec une petite taille, en conservant ses spécificités. C’est aussi ce qui permet de surmonter des difficultés souvent rencontrées en milieu rural : ici les maisons de santé ouvrent alors qu’ailleurs elles ont tendance à fermer.

En contrepoint, ces réussites n’éclipsent pas totalement des tendances lourdes : le repli sur soi et le sentiment d’abandon continuent d’exister. On manque d’un horizon qui fait rêver à l’échelle planétaire et européenne et l’État est désormais plus dans un rôle de sanction que d’accompagnement. Sur l’entretien des routes par exemple, le laisser faire entraîne une dégradation visible (la facture sera salée si rien n’est fait) et une perte de savoir-faire. Pour la Communauté de communes, la mise en place de projets est de plus en plus complexe avec la lourdeur bureaucratique des dossiers à monter et la raréfaction des financements.

Le rôle d’animateur et de médiateur

Le directeur de la Communauté de Communes est à l’interface entre les élus et les techniciens. Il participe à entretenir la dynamique de développement local qui existe ici depuis trente ans. Ce n’est pas toujours simple : une fois que beaucoup de choses ont été mises en place, la nouvelle idée qui surgit n’est plus exceptionnelle. Michel Dinet disait à ce propos que “l’on remarque plus une fleur qui pousse dans le désert qu’un arbre dans une forêt “.

Il faut toujours être vigilant pour ne pas s’enfermer dans une logique de gestion, qui prend de fait de plus en plus de temps. Le principe de contractualisation avec l’État par exemple n’est pas mauvais en soi, mais on assiste bien à une « technocratisation » des dossiers : le remplissage monotone d’une série de cases et d’objectifs au détriment du fond. Dans ce contexte de déshumanisation, il est impératif de garder du temps pour l’innovation et la mobilisation de l’ensemble des habitants et acteurs du territoire.

Ainsi, le festival de contes s’appuie sur des groupes de lecture très dynamiques et mobiles. Sur le sujet de l’habitat et de l’urbanisme, un gros travail est fait en lien avec les référents habitat de chaque commune pour repérer les logements vacants, et inciter à lancer des travaux de rénovation et les remettre sur le marché. L’expérimentation « Territoire zéro chômeurs de longue durée » mobilise aussi de nombreuses personnes, autour de la Fabrique à Bulligny. L’intuition qui prévaut de partir des compétences des gens pour un retour durable à l’emploi est une bonne logique qui s’inscrit pleinement dans la philosophie du développement local.

Le lien entre l’intercommunalité et les mairies des 38 communes fonctionne bien, au moins dans 80 % des cas. Il permet notamment la mutualisation des services. Peu importe aux habitants de savoir qui a initié tel ou tel projet, du moment que ces projets voient le jour. Avec la région, le lien est quant à lui plus distendu depuis l’émergence de la nouvelle Région Grand Est : au lieu des déplacements à Metz, il faut désormais se rendre à Strasbourg, ce qui prend plus de temps. Cette nouvelle région regroupe trois anciennes régions (Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne) aux fonctionnements très différents, avec un nouvel équilibre à construire : on est toujours en phase de transition. Le chantier le plus tangible aujourd’hui est la connexion à venir de tous les foyers à la fibre optique.

Le développement local, passé et avenir

Aujourd’hui le développement local n’est plus forcément repris dans les politiques publiques (l’intitulé de la nouvelle Agence nationale met heureusement en avant la « cohésion territoriale » et non la « compétitivité des territoires » comme ça a été le cas à une époque). Faut-il garder ce terme et ce qu’il renferme ou le déconstruire et se battre autrement ? En tout cas, la philosophie est toujours là et les initiatives attirent le grand public et les média : en témoigne le succès de l’Entreprise à but d’emploi (EBE) « De laine en rêves » qui permet de nouvelles embauches et la valorisation de la laine locale, auparavant bradée sur les marchés asiatiques, pour la fabrication locale de matelas. Ce projet a du sens !

La communauté de communes du Pays de Colombey-les-Belles et du Sud Toulois a prouvé qu’il était possible de faire beaucoup avec peu de moyens, à condition de se retrousser les manches et de mouiller collectivement sa chemise. C’est avant tout dans les territoires aux ressources financières limitées, que ce soit en ville ou dans les secteurs ruraux, que le développement local s’est le plus développé.

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Grand Est #1 / Rencontre avec Kristell Juven de C&T Grand Est

Fin février, Sylvain Adam, délégué national de l’Unadel a pu rencontrer et s’entretenir avec Kristell Juven, directrice adjointe de Citoyens & Territoires – Grand Est.

Sylvain Adam, pour l’Unadel / Mars 2019

L’association Carrefour des pays lorrains, née en 1994, a été rebaptisée “Citoyens & Territoires – Grand Est” (CTGE) en 2016 suite à la création de la nouvelle région Grand Est. Membre du réseau national l’UNADEL, elle accompagne élus et acteurs du développement local dans la région. Fin février, j’ai pu m’entretenir avec Kristell Juven, directrice adjointe de CTGE, et j’ai participé à un débat organisé à Velle-sur-Moselle : « Demain, la commune ? ».

Développement local au Sénégal puis en Lorraine

Titulaire d’un diplôme en sciences économique, Kristell Juven a d’abord travaillé sur des projets de développement local au Sénégal avant de revenir en France. Après un passage à Paris, elle rejoint en 2000 la Lorraine et le Carrefour des pays lorrains (association devenue Citoyens et territoires Grand Est en 2016, réseau des acteurs du développement local dans la région) à l’origine pour une mission de coopération décentralisée et de solidarité internationale ainsi que sur le développement du programme Emploi-Jeunes. En charge de l’animation des réseaux, son poste actuel de directrice adjointe rejoint les 4 quatre missions de l’association : capitalisation et transmission d’expériences, organisation de rencontres multi-acteurs ou multi-thèmes, accompagnement et formation auprès des acteurs des territoires, propositions auprès des pouvoirs publics (ex : programmes européens, schémas régionaux…).

Pour être au fait des réformes territoriales, elle a beaucoup lu, s’est formée auprès de collègues plus expérimentés et a profité de son expérience d’élue locale (adjointe sur la commune de Pierre-la-Treiche depuis 2008 et présidente de la communauté de communes du Toulois de 2013 à 2016). Au moment des débats parlementaires sur la loi NOTRe de 2015 (considérée comme l’acte 3 de la décentralisation), elle était ainsi en capacité de former son propre avis. Si elle est montée en compétence sur les questions fiscales et juridiques notamment, elle tient à rester généraliste : « il en faut, la vision globale est nécessaire ».

Du Carrefour des pays lorrains à Citoyens et territoires Grand Est

Quand Kristell est arrivée au Carrefour des pays lorrains, il y avait davantage de militance sur les territoires, aussi bien du côté des agents de développement que des élus locaux. Mais la fusion des territoires s’est accélérée depuis et la façon de faire réseau n’est plus la même aujourd’hui : chacun cherche sa connexion directe avec le préfet dans l’espoir d’être entendu et le lien avec les associations est davantage sur le mode prestataire de services – consommateur. En réponse à un besoin toujours actuel, Citoyens et territoires Grand Est (CTGE, ex-Carrefour des pays lorrains) reste sur des champs larges comme la santé, l’alimentation, la transition énergétique, l’économie de proximité, les services, dans une perspective innovante. Avec ses collègues, elle a ainsi organisé des rencontres et a travaillé sur la mobilité, l’habitat des jeunes ou sur les tiers lieux. Elle alimente aussi une banque d’expériences. Dans l’activité de mise en réseau, CTGE a beaucoup œuvré pour faire se rencontrer les conseils de développement, les animateurs de GAL LEADER, les professionnels du développement social urbain local.

L’association travaille en partenariat avec l’État et ses services, la Région, les départements, la Caisse des dépôts et consignation, ainsi qu’avec des associations d’élus, comme l’assemblée des communautés de France (AdCF), l’association Nationale des Pôles d’équilibre territoriaux et ruraux et des Pays (ANPP) et l’association des maires de France et des présidents d’intercommunalités (AMF).

Les défis actuels

Lors de la réunion du CA de CTGE le 25 février 2019 sont ressortis quelques défis auxquels l’association est confrontée.

Le premier est lié à la création de la nouvelle région Grand Est qui regroupe désormais la Lorraine, l’Alsace et la Champagne-Ardenne. CTGE, historiquement ancré en Lorraine, souhaite travailler au mieux avec la Région (plus de 57 000 km² et 5,5 millions d’habitants) et toutes ses composantes, ayant déjà une culture partagée du développement local, ou pas encore. On trouve des exemples notables aussi bien en Champagne-Ardenne (avec par exemple les Crêtes préardennaises) que du côté de l’Alsace (pionnière en France sur l’habitat coopératif et durable, et avec des expériences locales notables comme à Kingersheim ou Ungersheim…). La réorganisation est encore en cours au sein des nouvelles régions : on ne sait pas à l’heure actuelle ce que deviendront les contrats qui les lient à l’État.

Le deuxième défi est lié au changement de modes de pensée et modèles économiques qui affectent les réseaux associatifs. CTGE équilibre son budget grâce à des prestations de plus en plus nombreuses, notamment pour dispenser des formations. Le monde associatif n’est épargné ni par le découpage thématique (au niveau de l’État par exemple, les actions inter-ministérielles sont loin d’aller de soi), ni par la technicisation croissante (la boîte à outils sans questionnement du sens des projets), ni par la généralisation du système d’appels à projets, d’offres et à manifestation d’intérêt. Dans ce contexte, l’approche globale et transversale, ainsi que la structuration d’un réseau (partage de connaissances et de compétences) sont rendues bien plus difficiles : les subventions se font rares. Ce changement de modèle a un impact fort sur les activités et l’équipe de CPTE, qui ne veut pas se transformer en bureau d’études, mais est de fait fortement contrainte par la réponse à des commandes.

Causer sur la place publique : le couarail

CTGE continue pourtant à organiser des débats sur des enjeux larges, avec la participation de publics variés et en s’affranchissant le plus possible des cadres contraignants de la commande. La rencontre à Velle-sur-Moselle proposée le 26 février 2019 en est une bonne illustration. Évelyne Mathis, maire de cette commune de 300 habitants, a commencé par faire le tour du village et la visite des projets récents et en cours. Parmi ceux-ci, la reconversion d’un ancien corps de ferme en habitat pour personnes âgées, alternatif à la maison de retraite : dessiné par l’agence nancéienne GENS et livré en 2016, le projet a été primé à la 15e Biennale internationale d’architecture de Venise. Dans la salle Georges Chepfer (conteur lorrain), le débat qui a suivi, intitulé « demain, la commune ? », a rassemblé 45 participants : élus (dont sénateur, maires, présidents de communautés de communes ou de pays), professionnels et associatifs, à l’image de la composition du CTGE. . Il a beaucoup été question des rapports souvent compliqués entre communes et intercommunalités et des difficultés rencontrées par les élus locaux. Un pourcentage important de ceux-ci ne souhaitent pas se représenter lors des élections municipales de 2020, tout en restant persuadés que l’engagement local reste fondamental. Le 6 avril, CTGE a également organisé un débat sur l’Europe et la citoyenneté, quelques semaines avant les élections européennes.

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Le 26 février 2019, C&T a organisé à Velle-sur-Moselle, avec Évelyne Mathis maire de cette commune de 300 habitants, un débat intitulé « demain, la commune ? ».

C’est un paradoxe : d’un côté les sondages successifs montrent un fort attachement des français à la commune et de l’autre, un malaise transparaît actuellement chez certains maires, élus municipaux, particulièrement en milieu rural, quant au rôle et à la capacité d’agir de la commune, au rapport à l’intercommunalité, aux citoyens. La moitié d’entre eux pensent ne pas se représenter aux prochaines élections (récente enquête du AMF/CEVIPOF). Dès lors, se poser la question de ce que l’on peut faire et avec qui à l’échelle communale, du lien entre la commune et les autres strates d’organisation territoriale, de l’engagement citoyen à cette échelle, est plus que jamais d’actualité…

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Assemblée générale 2016

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L’Assemblée générale de l’Unadel a rassemblé ses adhérents le vendredi 10 juin de 9h à 17h à l’Assemblée nationale, Paris. 

Des ateliers de travail ont associé les partenaires, les élus, les experts et universitaires associés aux adhérents (individus et réseaux) de l’association.

Nous vous proposons de prendre connaissance des rapports présentés et votés à l’issue de l’AG.

Rapports 2015 : rapport moral, rapport d’activités, rapport d’orientation.

Documents financiers 2015

Le programme de la journée

Le compte rendu de la journée

30 et 31 mars, Epinal. Journées de l’engagement associatif

Journées de l’engagement associatif

La fédération des Vosges de la Ligue de l’enseignement organise les 30 et 31 mars prochains à Épinal les journées de l’engagement associatif.

L’Unadel sera présente avec la participation de Georges Gontcharoff, spécialiste de l’éducation populaire et du développement local lors de la journée du 30 mars.

L’entrée est libre lors de ces journées.

Découvrez le programme et réservez votre place via le formulaire d’inscription à renvoyer. Informations complémentaires au 03 29 69 64 65.

Cet évènement est organisé en partenariat avec la Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection de la Population 88.

Sur la réserve

Faire vivre l’esprit du 11 janvier est une noble ambition, remonter dans les sondages une juste ambition, annoncer des mesures une rituelle habitude. Mais quelle mouche a donc piqué le Président de vouloir faire une réserve citoyenne d’appui ? Réactions à la suite de la conférence de presse du 5 février dernier.

Ce n’est qu’une maladresse, mais elle en dit peut être plus long sur la méconnaissance de la France et des Français, des communicants du Président, jeunes et bien nés, posant fièrement sur les canapés douillets sous les ors du palais de l’Élysée.

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Salle des fêtes de l’Élysée, septembre 2010. by Chatsam CC BY-SA 3.0 Commons

Faut-il rappeler que quand certains sont engagés pour conseiller, d’autres s’engagent sans compter ? Faut-il rappeler que la vie associative rassemble entre 14 et 18 millions de bénévoles et ce depuis plus de 110 ans ? Faut-il rappeler que ces bénévoles interviennent dans les écoles, les hôpitaux, autour des stades, s’occupent de visites en prison, aux malades, luttent contre des maladies dites orphelines, et même s’investissent dans des quartiers, que d’aucuns qualifient de victimes d’apartheid, que la République devrait repeupler.

À faire carrière en politique, à faire des conférences dans les riches émirats, on peut avoir le sentiment d’une élite républicaine, totalement déconnectée du réel, du quotidien des Français. À ne côtoyer que des homologues hauts fonctionnaires, partis illégalement pantoufler dans une entreprise du CAC 40, à ne discuter qu’avec des journalistes ayant fréquenté les mêmes écoles, à ne se retrouver qu’avec d’anciens élus ou de futurs élus, à rester confits dans des cénacles parisiens, comprennent-ils, entendent-ils les messages envoyés ? Que peuvent-ils entendre, comprendre d’engagements gratuits et désintéressés ?

Les Français et les Françaises se réforment, n’ont jamais été aussi formés, sont mobiles, investis, capables de sacrifices et de saines indignations, comme ce 11 janvier, quand l’élite politique parle, parle, parle, mais ne se réforme pas.

Que peuvent-ils comprendre quand les citoyens ne vont plus voter, dans le Doubs ou ailleurs ? Les Français demeurent des citoyens actifs, mais leurs élus nationaux communiquent, posent, paradent, mais n’entendent pas, n’écoutent pas.

Pas de réforme du Parlement, pas de République modeste, pas de décentralisation, mais des modernisations de ceci, des redécoupages de territoires, des transformations du bénévolat en élément d’une économie dite sociale.

La démocratie est fragile, et elle semble gangrenée à sa tête. Les mises en examen se suivent, les conférences payantes s’enchaînent, des élus se servent, plus qu’ils ne servent, mais nulle trace d’une autocritique, de réels changements, d’une révolution éthique, pour revitaliser la démocratie.

Si, comme le déclare le Président lors de sa conférence de presse du 5 février, la laïcité  “n’est pas négociable car elle nous permet de vivre ensemble”,  et elle n’est “pas un principe qui devrait subir des accommodements”, la démocratie ne saurait l’être non plus.

Les Français sont pleinement des hussards de la République, ils sont par contre prudemment réservés sur son fonctionnement.

Aux politiques de s’engager sans réserve à se réformer, vite. Il y a urgence !

 

Olivier Dulucq