C’est en toute discrétion qu’au détour d’un amendement adopté par le Sénat en seconde lecture de la réforme des collectivités, est apparu début juillet le nom de la future circonscription électorale du conseiller territorial, celle qui remplacera donc le canton : et tenez vous bien, ce sera « le territoire » ![1]

A l’heure du marketing politique et des coups de marteaux successifs sur les politiques de développement local, alors que les fonctions elles-mêmes de ce futur conseiller demeurent plus que nébuleuses, cette innovation discrète tombe plutôt à pique pour le Gouvernement. Quoi de mieux en effet qu’un mot qui sent bon le rural , la proximité et l’intérêt local partagé pour rassurer demain l’électeur face à ce véritable OVNI politique que sera le conseiller territorial ? Tout se passe d’ailleurs comme si le législateur avait aussi voulu se donner un peu de contenance pour atténuer un tant soit peu le flou du contenu actuel concernant les dits conseillers…

Il est vrai que l’exercice n’est pas nouveau : aller puiser dans le vivier des mots chargés de symboles pour habiller une coquille vide, ça s’est déjà vu (rappelons-nous du tour de passe-passe « DIACT – DATAR » l’année dernière…). Décidemment le marketing politique est bien là et s’insinue désormais jusque dans les articles de lois. Mais quel symbole tout de même : au moment où la majorité présidentielle enterre les « pays », territoires de projets issus d’un long processus de reconnaissance des dynamiques de développement local, le « territoire » se voit recyclé illico presto – et singulièrement rétrécis au passage – pour définir à l’avenir un périmètre de circonscription électorale, bref, tout un programme…



[1] Article 1er AA, amendement du Sénateur Hugues Portelli.

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