L’absence de majorité dans le pays ouvre-t-elle de nouveaux chemins pour plus de démocratie ?
Nous venons de vivre une séquence politique inédite avec quatre premiers ministres en moins d’un an ; un gouvernement installé un dimanche soir après plus de 3 semaines de concertations et démissionné dès le lundi matin ; une reconduction du 1er ministre sorti au terme d’une nouvelle mission exploratoire de 3 jours.
Au cours de ces dernières semaines, se serait-on moins invectivé et plus parlé dans les sphères de décision ?
Est-ce que pour autant on aura plus écouté le pays, ses contradictions, ses attentes de plus de justice sociale, fiscale et environnementale, de plus de pouvoir d’achat et de pouvoir d’agir, d’un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle ?
L’Assemblée Nationale retrouve-t-elle la confiance dans la négociation de compromis utiles au pays et à ses habitants ?
Le gouvernement redécouvre-t-il, avec l’instabilité politique, le chemin du parlementarisme plutôt que celui du présidentialisme ? Nécessité fait loi. A l’heure où j’écris ces lignes, la censure est écartée, le budget proposé, les parlementaires doivent se mettre au travail pour l’amender et peut-être le voter sans 49,3.
La vitalité associative est la clef de voûte de la démocratie locale et de la cohésion sociale
Ce mois d’octobre s’avère être décisif pour les territoires. Le 11 octobre, la mobilisation exceptionnelle des associations réunies autour du Mouvement Associatif sous la bannière « ça ne tient plus » a démontré, avec force et détermination, la volonté des acteurs locaux d’alerter sur l’urgence de solutions concrètes face à la dégradation du tissu social et au manque de moyens pour agir. L’énergie collective rappelle combien la vitalité associative reste la clef de voûte de la démocratie locale et de la cohésion sociale en particulier dans un contexte de grande anxiété et d’instabilité. Le Parlement va devoir prendre en compte cette exigence dans les amendements qui seront proposés au budget 2026.
Nos fragilités associatives peuvent-elles nous rendre plus forts, plus proches entre les réseaux et davantage partenaires et promoteurs du développement local dans les territoires ou des propositions alternatives du Pacte du Pouvoir de Vivre ?
Comment, dans un climat d’incertitude politique, reprendre l’initiative et consolider les alliances entre réseaux pour rester force de proposition ? Comment défendre les emplois su secteur associatif dont les pouvoirs publics risquent de mesurer leur utilité quand ils ne seront plus là ?
Le modèle économique des réseaux du développement local les expose gravement. Plus que jamais l’appel de Bruno Latour à dire à quoi nous tenons et à quoi nous pouvons renoncer, s’avère d’actualité. Plus que jamais il nous faut trouver ensemble, dans le rapprochement des réseaux et des associations, des solutions nouvelles de financement du fonctionnement de nos structures, non pas pour les maintenir quoi qu’il en coûte mais pour qu’elles puissent continuer à remplir leurs missions de service public.
De nouveaux visages pour l’aménagement du territoire et la ruralité
Ce mois d’octobre est également ponctué par des annonces institutionnelles porteuses d’espoir. La nomination de Françoise Gatel à l’aménagement du territoire ouvre une nouvelle page pour la planification et l’équilibre des territoires, tout en renforçant la prise en compte des spécificités locales. Dans le même élan, l’arrivée de Michel Fournier comme ministre de la Ruralité est un signal fort adressé à nos campagnes : leur avenir est désormais placé au cœur de l’agenda national. Nous saluons leur engagement et souhaitons qu’ils fassent de la concertation et de l’innovation des axes majeurs de leur action. Parce qu’ils auront la charge de la préparation d’une nouvelle loi de décentralisation, nous espérons qu’ils n’oublieront pas d’associer la société civile et nos réseaux à sa préparation. Cette future loi doit confirmer la confiance de l’Etat dans ses territoires, dans leurs organisations (collectivités, secteur associatif, partenaires sociaux) et dans leurs capacités à plus et mieux coopérer pour faire face aux grands défis du siècle. Soyons vigilants, avec ces ministres que nous connaissons bien, pour que décentralisation ne rime pas avec diminution des dotations et nouveaux transferts de charges.
Le local peut-il réveiller la démocratie ?
La campagne des Écoutes Territoriales de l’Unadel se termine pour 2025. Une synthèse des travaux conduits autour de la question de l’articulation entre transitions territoriales et démocratie, est en cours de rédaction. Elle sera disponible, présentée et discutée avec les représentants des territoires écoutés, lors de la Journée qui leur sera consacrée le 1er décembre prochain à Paris. Ce temps fort, que nous avons intitulé « Le local peut-il réveiller la démocratie ? » est ouvert sur inscriptions (cf lien avec le programme et le bulletin d’inscription.) Nous espérons pouvoir utiliser cette journée pour donner de l’espoir et de l’envie à celles et ceux qui hésitent à s’engager dans un conseil municipal ou à s’investir d’une manière ou d’autre dans leur territoire de vie, dans la commune, l’intercommunalité, le pays (conseil de développement, assemblée citoyenne ou associations dans toute leur diversité).
Le monde est compliqué, la société est complexe, la vraie vie de chacun parfois difficile, voire très difficile. C’est ensemble, dans le dialogue, la coconstruction, la coopération, la recherche de compromis acceptables et le rapprochement de points de vue différents que la société se construit. Il n’y a pas de solutions simplistes ni d’issue dans le grand dégagement espéré par certains. Les solutions passent par l’engagement et l’acceptation d’une réalité : on ne pense pas tous pareils, nous sommes différents et nous avons des intérêts parfois divergents, mais nous vivons ensemble. Faisons en sorte de ne pas ajouter de nouveaux problèmes à ceux qui existent déjà et recherchons à faire de nos communes et de nos intercommunalités des espaces en mouvement, des terres de solutions pour le vivant dans toutes ses dimensions, humaines, animales et végétales.
Confiance et engagement pour l’avenir
À toutes et à tous, et particulièrement aux adhérents, aux équipes salariées, aux administrateurs qui s’investissent d’une manière assez incroyable au sein du bureau et dans les ateliers, les groupes de travail, les Écoutes, le pôle ingénierie et transitions, comme dans les instances nationales ou régionales, je souhaite un mois d’octobre animé par l’espoir, la solidarité et la conviction que, collectivement, nous saurons relever les défis et bâtir des territoires vivants et accueillants.
A notre réseau régional Citoyens & Territoires jamais aussi sollicité dans le Grand-Est et jamais aussi peu certain de trouver à temps un modèle économique viable, à Claire sa directrice, à Isabelle sa Présidente, à Anne et Patrick Beauvillard qui ont su prendre le temps de passer le témoin dans de bonnes conditions de l’institut des territoires coopératifs, je souhaite un automne plein de belles couleurs et je les assure de mon amitié et de celle du réseau élargi.

