Légion d’Honneur : je ne veux blesser personne, mais j’y renonce !

 

Ma nomination au grade de chevalier de la Légion d’Honneur ne me laisse ni insensible ni indifférent.  Je sais l’émotion et la fierté qu’elle aurait fait naître, en particulier chez mon père parti trop tôt. Elle récompense celles et ceux qui ont contribué à me construire. Elle met notre ville à l’honneur et a réjoui beaucoup de mes amis. C’est un encouragement inestimable dans ce qui fait mon engagement. Je les remercie chaleureusement et j’espère sincèrement ne pas les décevoir.

Mais après avoir pris le temps de la réflexion, j’ai décidé d’y renoncer. Ni par modestie ou par humilité, mais parce que tout dans ma recherche personnelle et dans mon parcours politique m’y invite. C’est d’abord dans la critique sans concession d’une démocratie en panne et d’un sylégionstème à bout de souffle que je puise une part de ma décision. Alors que le fossé ne cesse de se creuser entre les représentants et les représentés, entre le haut et le bas, entre ceux qui sont promus et ceux qui ne le sont pas, tout ce qui « fait distinction » alimente le discrédit et renforce la crise de la «démocratie-régime ». Il me semble que notre société a besoin, plus que jamais, de (re)trouver une culture de plain-pied et le sens de l’Egalité. Loin de toute idée d’uniformité ou d’élitisme, je crois que chaque personne doit être reconnue dans sa singularité, que tous gagnent dans la réciprocité des échanges et que l’on grandit dans la construction du commun. C’est pour moi, le rôle essentiel d’un élu que de donner sens et vie à l’égalité démocratique. Il ne peut donc en être distingué.

Ma décision est aussi inspirée par la conviction qu’aucune médaille ne peut rendre compte de ce qui est essentiel dans l’humanisation de notre société. L’essentiel n’est pas dans le visible, le mesurable, l’évaluable. Il est dans les cheminements personnels et collectifs, dans les démarches plus que dans les résultats. C’est en effet là que se nichent les transformations personnelles et les métamorphoses collectives. C’est là que se gagnent les combats vitaux du sens du service sur la tentation de l’ego. C’est dans ces cheminements, marqués davantage par les doutes que par les certitudes, rendus possibles par le discernement et la décentration, que se renouvellent la pensée et l’action, que se forge un regard nouveau sur l’avenir et que se risque la critique des systèmes. Aucune institution, fût-elle de la République, ne peut mesurer un mouvement. C’est pourtant là que réside l’essentiel et c’est ce qui doit définir l’engagement d’un élu.

Dès lors, la médaille n’a pas lieu d’être. Au fond, la question démocratique et la question du sens se rejoignent pour affirmer que l’humain prime sur l’institution, la profondeur sur l’apparence, le mouvement sur l’état et donc le refus de la médaille sur son acceptation.

Jo Spiegel

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